PHYSIQUE ET SPIRITUALITÉ
: réconciliation en cours !
Avertissement
Cet article
prolonge la série déjà publiée sur ce blog : Mécanique quantique et
textes de l'Inde. Pour une meilleure lisibilité, les termes techniques ont été
évités ; de même, toute la partie purement scientifique, essentielle mais difficile
d'accès. De ce fait, les concepts abordés risquent de paraître simplistes. Les
lecteurs qui creuseront le sujet constateront qu'il n'en est rien et ce qui
peut surgir ici comme supputation gratuite est sous-tendu par des recherches sérieuses
extrêmement poussées.
Mes sources
sont multiples mais ce sont les conférences et écrits de Philippe Guillemand
auxquels je me réfère le plus. Philippe Guillemand est ingénieur de l'École Centrale
de Paris, chercheur au CNRS, spécialiste
de l'intelligence artificielle (robotique). Dans diverses conférences
données en 2013 et un ouvrage intitulé La
Route du Temps, il réfléchit sur l'Espace-Temps
et ose s'aventurer dans une région de la pensée (dimension spirituelle) que les
physiciens classiques refusent et à laquelle d'autres, plus éclairés, souscrivent
en évitant toutefois de se prononcer explicitement, de peur de passer pour des
hurluberlus fourvoyés par la parapsychologie.
Les citations
sont sans références précises car issues de notes personnelles prises alors
sans intention de publication. On voudra bien excuser cette lacune, sachant que
les lecteurs retrouveront facilement les sources sur le site internet de P.
Guillemand (adresse note 12) ou dans ses conférences, accessibles sur Youtube.
Le lien avec
le yoga (et autres domaines spirituels qualifiés volontiers
d'"ésotériques", comme le chamanisme, le champ akashique[1],
l'inconscient collectif…) est quasi évident. Le yoga nous met en effet au
contact avec une réalité différente de celle limitée par les concepts habituels
de l'espace, du temps, de la causalité, de la conscience, etc.
Ce qui est passionnant,
c'est que des découvertes appartenant aux temps et lieux les plus reculés (en
particulier l'Inde) sont en passe d'être avérées par les sciences les plus
actuelles. Pour le dire succinctement, la physique rejoint la métaphysique. Il
semble bien que nous sommes entrés dans l'ère d'une réconciliation entre
science-physique et spiritualité.
CHANGER
NOS CROYANCES CONCERNANT LE TEMPS
Le temps est traditionnellement caractérisé
par des concepts dont les plus fondamentaux sont : la causalité, le
déterminisme, le hasard.
1/ La causalité
: nous pensons que tout ce qui arrive dépend du passé. C'est une erreur de
perspective. Le quotidien lui-même peut démontrer l'existence de la "rétrocausalité".
Par exemple, l'intention d'aller chercher du pain est la véritable cause de mon
déplacement en voiture et non l'inverse, comme on pourrait le croire (avoir
pris la voiture serait alors la cause du pain acheté… ce qui est faux). C'est
le futur (obtenir du pain) qui a créé le présent (prendre la voiture) !
2/ Le déterminisme
: nous pensons que le monde est déterminé mécaniquement et de façon unique, que
le futur est le résultat du passé. Dans ce cas il n'est pas de liberté possible.
Il y a là une incontestable aberration.
3/ Tout ce qu'on ne comprend pas est
attribué au hasard – qui devient une
sorte de poubelle où est jeté pratiquement tout ce qui n'est pas réductible à
des équations.
Ces
délimitations enferment notre pensée, ne lui laissent aucune issue. Heureusement,
depuis les années 2000, elles sont remises en question et une
"nouvelle" vision s'impose peu à peu. En voici quelques aspects.
Temps
et espace sont des illusions produites par la conscience. Ce constat n'est pas récent. Il n'empêche
que nous demeurons prisonniers d'un mirage : nous pensons le temps comme s'il
était absolu, extérieur à l'univers matériel et irréversible…
Or, pour les physiciens actuels, le temps
linéaire n'existe pas, il n'est pas extérieur à l'univers matériel et il est
relatif. La notion du "temps qui passe" ne correspond à rien, en
physique. Einstein affirmait déjà : "Pour
nous, physiciens dans l'âme, la séparation entre passé, présent et futur ne
garde que la valeur d'une illusion, si tenace soit-elle." Et, trente
ans plus tôt, Nietzsche : "Notre
destin exerce son influence sur nous, même lorsque nos ne le connaissons pas
encore : c'est notre avenir qui détermine notre présent".
La
réalité est atemporelle ; présent, passé et futur sont simultanés.
Il n'existe pas d'écarts temporels : le futur est déjà là mais nous n'en percevons
que ce que nos cinq sens nous permettent de capter ; notre ego nous limite à
l'espace-temps alors que notre *esprit" (ou "âme", "claire
conscience", "intuition" etc.) est capable de voir au-delà si
nous sommes suffisamment sensibilisés à un autre niveau de réalité[2]. Cette
vérité, difficile à admettre, est néanmoins acquise et démontrée en physique (dont
surtout la physique des particules) ; elle rejoint la pensée hindouiste et
bouddhiste selon laquelle tout est contenu dans le présent.
Notre
conscience est donc liée au présent mais la réalité est déjà créée dans le
futur puisque le futur est déjà là.
Néanmoins,
bien que déjà créée, cette réalité peut évoluer car le futur n'est pas
totalement configuré.
Les déterministes pensent que tout est déjà
en place, figé. Pourtant il semblerait bel et bien que les événements sont structurés par des informations qui viennent
en-dehors de l'espace-temps. La
création ne se ferait pas par hasard mais en fonction d'informations externes à
cet espace-temps – ce qui nous permettrait d'intervenir sur notre destinée.
Dans cette assertion audacieuse réside une véritable révolution, comme nous
allons le voir.
CHANGER
NOS CROYANCES CONCERNANT LE HASARD
On le sait maintenant, depuis l'avènement de
la mécanique quantique : la réalité n'est pas indépendante de l'observateur. Il
n'y a pas de hasard[3].
Les expériences d'Alain Aspect (médaille d'or au CNRS), en particulier la
fameuse expérience EPR[4] des
particules jumelles (au CERN) nous font découvrir la réalité de
l'indétermination quantique[5]. Elles
ont amené Antoine Suarez à déclarer que " Pour avoir une matière qui fonctionne de façon sensée, nous avons
besoin d'une coordination qui n'est pas matérielle". Le "qui n'est pas matérielle" marque
une différence fondamentale entre les nouvelles conceptions de la physique et
les anciennes.
Partant de ce constat, P. Guillemand est
amené à déclarer que la réalité dépend non
seulement de nos observations (mécanique quantique) mais aussi de nos intentions. Et cela, c'est nouveau…
Il s'appuie sur les résultats de nombreuses
expériences mettant de plus en plus en évidence que les phénomènes ne se produisent pas par hasard – chance et
malchance n'ayant plus lieu d'être. Ce qu'on appelle les synchronicités[6] ou, plus
familièrement, les coïncidences, ne serait pas les résultats d'une sorte de
loterie.
Qui n'a jamais vécu des cascades de
coïncidences, d'événements qui ont changé positivement ou négativement la vie –
à tel point qu'invoquer un hasard heureux ou malheureux ne peut être
raisonnablement soutenu ? Or, "L'un
des aspects du caractère le plus intriguant des synchronicités est qu'il semble
aujourd'hui de plus en plus admis qu'il
soit possible de les provoquer, ce qui en ferait ainsi un phénomène
reproductible qui ouvre la porte à une possible approche scientifique et
expérimentale." (Philippe Guillemand).
CHANGER
NOS CROYANCES CONCERNANT NOTRE IMPUISSANCE FACE AU DESTIN
Suite aux travaux de plusieurs physiciens
éclairés (dont Jean-François Vézina[7],
Johachim Soulières…), P. Guillemand aboutit à des conclusions saisissantes
expliquant pourquoi nous rencontrons telle personne plutôt qu'une autre,
pourquoi nous avons pris telle décision qui nous a fait franchir un cap au sein
de notre évolution personnelle, comment nous avons pu mener à bien un projet en
apparence peu réalisable…
D'après lui, ces synchronicités sont le
résultat de nos propres attitudes, plus ou moins conscientes.
Nous
pouvons créer notre réalité dans le futur parce que nous sommes reliés à la création
par l'action intemporelle de notre esprit. Dit autrement : la synchronicité
se produit "en conséquence d'un changement dans notre futur qui agit de
façon rétrocausale sur notre présent – déterminisme inversé". Ou
encore, de façon on ne peut plus ramassée : "Nos intentions créent des effets
dans le futur qui deviennent les futures causes d'un effet dans le
présent." (P.G.)
Cependant il serait naïf de croire qu'il
suffit de désirer quelque chose pour que cela se produise. Il doit s'agir d'un
besoin d'aide vraiment authentique et des conditions nécessaires sont à
respecter :
-
Faire
une demande intelligible, clairement formulée par le mental
-
S'impliquer
en prenant des risques – c'est-à-dire en faisant fi des limites habituelles de
la raison
-
Demander
ce qui exercera une incidence sur notre chemin de vie (cela suppose qu'on soit prêt
à affronter le nouveau)
-
Conserver
son libre arbitre, son autonomie (il ne s'agit pas de demander à un
"ange" de choisir pour nous)
-
Avoir
atteint un niveau suffisant de "lâcher prise", de détachement (on sort
donc du désir vulgaire de posséder)
-
Avoir
confiance et être détendu par rapport à la demande (pas de crispation de la
volonté)
-
Se
positionner dans le don de soi (amour[8])
Comprenons bien ! Il ne s'agit pas de se
souhaiter une nouvelle voiture parce qu'on "aime" bien les coupés
sports, mais, après un examen profond,
et si on a défini le sens qu'on donne à
sa vie, il est possible de faire émerger une orientation nouvelle, de rendre effectifs des événements (même jugés hors de notre portée immédiate) grâce à une intention authentique donc non capricieuse
ni dictée par le désir avide. En quelque sorte la magie est possible si… l'âme
agit. Dans ce pouvoir (ce devoir) de clairvoyance, réside la plus grande
difficulté : dans quelle mesure mon intention est-elle pure ?
P. Guillemand l'affirme avec force : si les
conditions sont réunies, nous créons une
modification de notre futur. L'intention deviendra agissante si nous
conservons notre confiance et favorisons,
par notre acceptation du changement (nous
y sommes plus réfractaires que ce que nous imaginons), les possibilités
d'émergence de l'événement appelé. Ce dernier peut apparaître n'importe où et
n'importe quand. Nos limitations intérieures, nos peurs, nos croyances (à ne
pas confondre avec la "foi"[9] ,
nécessaire, elle) doivent être annulées : nous devons nous en remettre
"amoureusement" au chaos[10]. (relire
la note 7. Cf. aussi Ishvara Pranidhana[11])
Le
dernier obstacle est souvent celui de la raison, du mental, qui réprime l'intuition
pourtant prête à nous laisser accéder au "cadeau" mis à portée mais dont
nous ne percevons pas la présence.
Bien que possesseurs de la clef qui va
ouvrir ou non la porte d'accès à ce qui nous est offert – la réponse à notre
demande – nous pouvons fort bien demeurer aveugles à l'existence de ce "cadeau".
C'est pourquoi, plutôt que d'en rester aux apparences, aux possibilités étriquées
auxquelles nos croyances se limitent et par lesquelles nous sommes conditionnés
(par exemple la vieille femme du dessin ci-dessous) nous devons changer notre
point de vue habituel porté sur une réalité jugée à tort immuable, et nous
ouvrir avec confiance à la nouveauté que l'univers (qui n'est pas univoque) nous
propose (le jeune-fille du même dessin[12]).
CONCLUSION
Si notre destin est déjà réalisé sous forme
d'une ligne temporelle, celle-ci n'est pas figée. Elle peut être modifiée et
nous offre la possibilité d'un changement car ce que sera notre futur dépend des choix de notre conscience (et
non de notre ego). La plus grande difficulté est de ne pas confondre notre
libre-arbitre avec les désirs du mental[13]. Nous
devons donc aspirer préalablement à un déconditionnement et, par une pratique
adaptée (comme la méditation), tendre vers l'éveil spirituel (les pratiquants de yoga devraient voir exactement
de quoi il s'agit).
N'oublions pas l'"amour" ! Il intervient comme inhérent à cette cinquième
dimension ; il n'appartient pas à l'espace-temps des physiciens traditionnels
mais peut être envisagé "scientifiquement"
comme une composante essentielle de l'univers (qui n'a pas constaté que
nous attirons ce que nous aimons et sommes attirés par ce que nous aimons ?) Donnée
on ne peut plus incongrue mais tellement pertinente…
Philippe Guillemand résume fort bien la
situation actuelle de cette physique d'avant-garde audacieusement enrichie d'un
élément évidemment rejeté par les scientifiques traditionnalistes. Cet élément
est l'esprit ("âme", "conscience en éveil", etc.) Vision scientifiquement subversive
selon laquelle nous ne sommes pas agis par l'univers mais avons une possibilité
quasi illimitée d'action sur lui – donc sur notre devenir : "L'évolution de la physique nous rapproche
ainsi petit à petit d'une conception indéterministe du monde où l'être humain
reprend toute sa place, en commençant par sa liberté. En cohérence totale avec
l'ensemble des résultats de la physique moderne, et partant d'un seul postulat
vraiment métaphysique, celui du libre arbitre de l'homme, la Théorie de la
Double Causalité[14]
édifie un véritable pont entre la science et l'âme (ou l'esprit), en faisant
émerger l'Esprit de la matière ainsi que sa fonction sur l'univers […] Il existe un mécanisme régulateur
du futur de l'univers qui est tout simplement notre conscience à travers
laquelle va pouvoir s'exprimer notre libre arbitre."
Nous assistons sans nul doute à l'émergence
de nouveaux paradigmes. La convergence entre science-physique et spiritualité
n'est rien d'autre que réjouissante pour l'avenir de l'humanité – si elle
réussit à en dégager les stupéfiantes implications.
Gérard
Duc
[1] Du terme sanskrit désignant l'"éther", à la
source de toute création, conservant et pouvant restituer l'information. Le
grand spécialiste est Erwin Laszlo. Voir son ouvrage : Science et Champ Akashique.
[2] … et conscients de maya !
[3] "Il suffit de remplacer le
concept d’un tirage au sort fait par la nature par celui d’une information qui
entre dans notre univers physique et dont il est inutile de rechercher les
causes à l’intérieur de cet univers: il faut les rechercher ailleurs."
(P.G.)
[4] EPR = Einstein, Podolsky, Rosen – expérience menée
par ces trois savants.
[5] Ce principe énoncé en 1927 affirme que pour une
particule donnée, on ne peut connaître simultanément sa position et sa vitesse
alors que la mécanique classique de Newton affirme que la dynamique de la
particule est entièrement déterminée si l'on connaît à chaque instant sa
position et sa quantité de mouvement.
[6] Carl Gustav Jung est à l'origine, en 1946, de ce
concept de synchronicité. Il s'agit de "l'occurrence simultanée d'au moins deux événements qui ne présentent
pas de lien de causalité, mais dont l'association prend un sens pour la
personne qui les perçoit." (Wikipédia)
[7] Voir son
ouvrage : Les Hasards nécessaire.
[8] "L'amour dont il est
question ici n'est pas l'amour au sens où on l'entend habituellement ni au sens
"new-age". Il n'est pas un produit de l'activité cérébrale,
contrairement au désir. Il est une essence fondamentale de l'espace intérieur,
au même titre que la lumière dans l'espace extérieur. Il s'agit de l'essence du
(moteur du) libre arbitre. Si le libre arbitre définit un archétype vers lequel
on tend, il faut encore définir la puissance (ou l'intensité) avec laquelle on
tend vers la réalisation de cet archétype. C'est ce que j'appelle l'amour,
faute de trouver une meilleure appellation, car on tend vers ce que l'on aime,
tout simplement. L'amour et le libre arbitre sont indissolublement liés, tout
comme une forme (un contenant) est indissolublement liée à son contenu. Cela
n'a rien à voir avec l'amour au sens du désir par exemple, car le désir a
plutôt l'effet contraire." (P. G.)
[9] Cf. shraddha
[10] "La théorie du chaos est une théorie
mathématique et physique dédiée à l'étude des systèmes dynamiques. Elle
s'applique à toutes sortes de sciences : astrophysique, météorologie,
sciences humaines, biochimie moléculaire1. À titre d'exemple,voici une application
originale : Le réseau Bee-Secured spécialisé dans la surveillance des
environnements et des écosystèmes utilise la théorie du chaos dans ses modèles
mathématiques de calcul d'interactions du comportement des abeilles et de son
environnement." (Wikipedia)
[11] Action de s'en remettre au brahman, au Divin… (cf.
"surrender", le bhakti-yoga…)
[12] Ce n'est évidemment qu'une approximation grossière de
ces réalités simultanées dont la saisie dépend de perceptions plus complexes
que celle de la vue.
[13] On aura reconnu avidya,
bien sûr ! A chacun(e) de découvrir en quoi de nombreux aspects de cet articles
recoupent le domaine du yoga…
[14] Voir le site de P. Guillemand, très riche : http://www.doublecause.net
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