Le terme de "solitude" recouvre trop de
significations pour qu'on puisse se satisfaire de son sens général lorsqu'on
souhaite examiner d'un peu près les états qu'il suppose. Nous adopterons donc
la terminologie de la philosophe Hannah Arendt (1906 – 1975) qui permet d'y
voir beaucoup plus clair en établissant des différences entre
"solitude", "isolement" et "esseulement"[1].
La distinction entre ces états qui interrompent l'appartenance au monde ou/et
la relation avec autrui, peut passer inaperçue – d'autant plus qu'on glisse
facilement de l'un à l'autre sans y prendre garde.
DIFFÉRENCIONS…
Solitude
Quelles que soient les relations et la qualité de
partage qui m'unissent à autrui, je suis seul avec moi-même, prisonnier de ma
singularité. Pourtant, être seul avec soi-même c'est être avec
quelqu'un (soi-même !) Donc je ne
suis jamais vraiment seul dans la solitude, je suis "deux en un" – ce
qui faisait déjà dire à Caton : "Jamais
je ne suis plus actif que quand je ne fais rien, et jamais je ne suis moins
seul que lorsque je suis avec moi-même". Acceptons donc ce paradoxe :
"être seul" ce n'est pas "se sentir seul".
Isolement
Quand j'écoute attentivement quelqu'un, que je m'applique
à communiquer avec lui, il n'y a plus dédoublement interne. Il s'agit alors
d'un état d'"isolement". Je ne dialogue plus avec moi mais avec un
autre.
Il en va de même si j'ai l'esprit occupé et
concentré à cause d'une tâche qui m'absorbe et que je ne souhaite pas voir
interrompue. Dans ce cas "Je ne suis
plus pleinement et explicitement en possession de moi-même" (Hannah
Arendt), je ne dialogue ni avec moi-même ni avec autrui.
Cet état d'isolement parfois nécessaire, s'il
devient permanent, est souvent ressenti négativement par l'entourage. Il est
fréquent de le voir apparaître chez des personnes que des occupations
absorbantes poussent à établir une distance avec autrui. Si elles sortent de leur retrait pour mettre en œuvre
le fruit de leur réflexion, tout est pour le mieux. En revanche, si elles s'y
enferment elles sont coupées de ceux qu'il leur est de plus en plus difficile
de considérer comme des "semblables".
Esseulement
L'auteur n'est pas très explicite sur cette
catégorie. Pour elle, l'homme esseulé n'est en compagnie de personne : ni des
autres ni de lui-même. L'angoisse qu'il ressent alors le pousse vers les autres
mais cette compagnie le renvoie encore davantage à son isolement : il les fuit
et se fuit, tout en ne supportant pas d'être seul avec lui-même. Son recours
sera une action de nature tyrannique qui exclut autrui en le condamnant à l'isolement.
Nous laisserons de côté cet état s'appliquant surtout dans le monde de certains
dirigeants peu équilibrés – en particulier politiques.
LE CHOIX NÉGATIF DE LA SOLITUDE
Avant d'aborder le thème de la solitude dans un
contexte spécifiquement yogique, il paraît éclairant d'examiner rapidement ce
qu'en pensent deux grands philosophes dont l'analyse met en évidence des
situations où la solitude est un palliatif, un compromis bancal permettant de
supporter une vie sociale insatisfaisante.
La
solitude-isolement ou fuite d'autrui
S'isoler d'autrui pour être plus heureux (ou moins
malheureux)... Il ne s'agit pas simplement d'une démarche égoïste mais philosophique
que certains penseurs estiment nécessaire, en tout cas aux esprits supérieurs.
Seule la solitude permet d'être vraiment soi –
donc libre, la société étant contraignante vis-à-vis de tout individu. C'est
pourquoi, fort de ce constat a priori incontestable, Arthur Schopenhauer affirme : "Chacun
fuira, supportera ou chérira la solitude en proportion exacte de la valeur de
son propre moi. Car c'est là que le mesquin sent toute sa mesquinerie et le
grand esprit toute sa grandeur ; bref, chacun s'y pèse à sa vraie valeur"[2].
Comme l'affirme encore
le philosophe, "on ne peut être à
l'unisson qu'avec soi-même."
Mais cet accord parfait
avec autrui, cette communion, ne peuvent-ils pas être réalisés au moins avec
l'être aimé ? Non. Qui, à vrai dire, n'a jamais fait l'expérience de cette
impossibilité ? Aussi ténue soit-elle, une dissonance entre l'autre et soi-même
apparaît toujours. Nous sommes peut-être semblables mais non identiques. Aussi
grand soit-il, l'amour que nous pouvons éprouver pour l'autre, doit s'accommoder
d'innombrables désaccords. Et si l'on est de bonne foi, si l'on regarde au plus
profond de soi, il faut bien avouer que, même dans une relation pleinement amoureuse
ou amicale, c'est d'abord à soi que l'on veut du bien (exception faite,
peut-être, pour l'amour envers son enfant). Dès lors on ne peut parler d'accord parfait. Cette prise de
conscience est perturbante… A tel point que, toujours selon le philosophe, on est
contraint d'admettre que la paix du cœur, la tranquillité de l'esprit, la
félicité de l'âme ne sont possibles que dans la solitude, dans la retraite
absolue…
Ce point de vue est
contestable. D'abord parce que le rejet d'autrui ne permet jamais d'être en
accord avec soi-même. Battre en retraite – donc s'isoler – pour éviter la vérité
de l'amour, quelque douloureuse soit cette vérité, elle ne peut que mener à la
déréliction et non à la sérénité.
Certes, l'amour
implique la solitude. Mais, cette solitude, il convient de la transcender et
non de la fuir. Parce qu'elle est nous grandit et nous nourrit. La fuite ne
peut que nous laisser dans l'amertume. A ce propos André Comte-Sponville, dans L'amour la solitude, cite Rilke :
"Rilke a trouvé les
mots qu'il fallait, pour dire cet amour dont nous avons besoin, et dont nous ne
sommes que si rarement capables : "deux solitudes se protégeant, se
complétant, se limitant, et s'inclinant l'une devant l'autre"… Cette
beauté sonne vrai. L'amour n'est pas le contraire de la solitude : c'est la
solitude partagée, habitée, illuminée – et assombrie parfois – par la solitude
de l'autre." Comment
dire mieux ce qu'est l'amour sinon acceptation sublime de l'autre comme autre ?
La solitude comme retrait
égocentrique et mépris d'autrui. Nietzsche
Notons sans trop nous y
arrêter, le point de vue de Nietzsche dont la posture n'est pas sans rappeler
le comportement de certains esprits dont l'ego est souffrant. Nietzsche, mais pour
d'autres raisons, va dans le même sens que Schopenhauer et prône l'isolement :
Zarathoustra méprise la foule, constituée d'êtres inférieurs qui ne sont pas en quête de dépassement et incapables
d'accéder à l'état de "surhomme". Ayant tué Dieu, le héros se
retrouve seul ; prophète du surhumain, il choisit donc de fuir les hommes, leur
préférant même les animaux. Seul l'isolement peut, selon lui, répondre à son
sentiment de supériorité et mener au point culminant de l'esprit
capable de saisir le monde comme totalité.
"Pourquoi ai-je vécu si longtemps parmi leur bruit [des hommes] et leur mauvaise haleine ? Ô
bienheureuse solitude qui m'enveloppe ! Ô pures odeurs autour de moi !" (Ainsi parlai Zarathoustra)
Nous
sommes dans ce cas de figure où l'être maladivement orgueilleux ne supporte pas
la compagnie de ceux qu'il ne considère plus comme ses semblables. Comment ne
pas alors déclarer que tout misanthrope, même intellectuellement génial,
retourne contre lui le pouvoir d'une intelligence qui ignore la compassion ? Existe-t-il une seule forme de supériorité qui
puisse légitimer le refus de considérer autrui, avec ses différences, comme son
semblable (qui n'est pas son "identique") ? L'Histoire ne manque pas
d'exemples tristement connus où un homme au fort charisme et les valets à sa
solde jouent les élus. Réfugiés dans leur névrose individuelle ou collective
ils ne se rendent pas compte que "L'homme isolé est un homme vaincu"
(Alain) et s'acharnent à exclure, voire à détruire ceux qui ne leur ressemblent
pas…
LE REFUS DE LA SOLITUDE : UN MAL
CONTEMPORAIN ?
Au niveau social.
L'urbanisation
galopante, l'importance accordée à la profession, à la rentabilité, à la
consommation, la course à la réussite matérielle, à l'image sociale, renforcent
l'individualisme et l'isolement. Les distances ont diminué mais ne nous ont pas
rapprochés. Quand autrui ne devient pas un rival, il demeure une menace
potentielle.
Les réseaux sociaux
ne font que hurler le contraire de ce qu'ils affichent. Si je cherche à collectionner
des "amis" facebookiens c'est que je suis en déficit d'amitié réelle
et que tout inconnu est un ennemi possible à rallier ou, au mieux, un anonyme dont
l'identité m'importe peu mais dont l'annexion va faire nombre et me rassurer.
Je confie alors à ce nombre le sens de mon existence. Plus d'inconnus
(d'"amis" !) me rejoignent, plus je suis unique ! Je suis, je me fais
suivre, donc j'existe ! Je ne peux être isolé puisque je suis cerné ! Quant à
la qualité de la relation, elle demeure à un niveau affligeant… Inutile de dire
que, malgré les réseaux sociaux (et à cause d'eux si je m'en remets à leur
fonction miraculeuse), je peux me sentir désespérément seul. Me reste
heureusement (?) un recours : l'inscription sur Meetic ou autre plateforme de
rencontres...
Au niveau individuel.
Plus
que jamais nous souffrons d'être ligotés dans un réseau de paradoxes : sans la
présence de l'autre je me sens seul ; avec les autres j'ai besoin d'être unique
; mais j'en souffre car je ne peux alors communier ; et si je communie, les
désaccords inévitables accentuent mon sentiment de solitude, etc.
En
amour, on l'a évoqué, c'est pis encore. Plus je veux "communier" (en
fait : "posséder") plus je me sens seul à cause de nos différences ;
plus je veux "fusionner" (en fait : "effacer l'autre"),
plus je me sens rejeté… Et si je me "sacrifie", que je me soumets aux
fantasmes de l'autre pour réaliser cette fusion, mon isolement devient encore
plus insupportable…
Bref,
la relation de nature amoureuse, aussi idéale soit-elle, non seulement ne rompt
pas la solitude innée mais elle l'accroît. Et tant que cette solitude, née de
la différence et de la distance nécessaires entre l'autre et moi, n'est pas vécue
à un niveau sublimant la sphère émotionnelle, il n'existe pas d'issue, quels
que soient les sites qui se targuent de favoriser le rapprochement entre
individus – rapprochement souvent limité au plus élémentaire : l'accouplement –
ce qui ne résout rien.
Au retrait en soi, beaucoup, actuellement,
préfèrent la fuite en avant et ne se supportent que si autrui est omniprésent –
y compris par le biais de la rumeur permanente d'une radio ou d'une télévision.
Le sujet demeure à la surface de l'être.
Consommer permet aussi de s'éviter soi-même. Toute
pratique consumériste est un dérivatif existentiel. Peu à peu,
dans le refus de se vivre comme être pensant, les "idéaux" sont
rabougris, englués dans des désirs superficiels, dans le factice posé comme
modèle. Les modèles humains authentiques laissent place aux idoles creuses ou
gadgets de toutes sortes.
Ou bien
alors, l'intellect occupe tout l'espace mental.
On se gave de connaissances. On se rue à la conquête du pouvoir extraorienté que peut assurer le savoir.
Derrière l'écran de fumée de ce savoir se cache une profonde vacuité doublée
d'impuissance… Kant le dit très bien : il ne suffit pas de connaître pour
penser.
De ce point
de vue, la tête de linotte ou la grosse tête en sont au même point. La pensée
les a désertées. Parce que l'enjeu de la pensée, c'est la quête incessante du
sens.
LA SOLITUDE COMME MOYEN D'UNE QUÊTE
Nous en arrivons à ce qui paraît le mieux
correspondre à la pensée yogique.
Nous l'avons suggéré plus haut : sans rapport à
soi, sans le "souci de soi" on ne fait pas l'expérience de soi-même.
J'ai besoin d'être témoin de moi-même, de me mettre suffisamment à l'écart de
moi, d'examiner mes faits et gestes, lucidement, implacablement, afin de me
mettre en accord avec qui je suis. Le débat intérieur, impliquant la pensée de
nature dialogique – donc ne pouvant s'exercer si je suis ne serait-ce que verbalement
relié à autrui – dépend de mon aptitude à entrer
en solitude. Il n'y a qu'elle qui me permette non seulement de penser mais
de me penser et de découvrir quel
sens donner à ma vie.
Il s'agit donc non d'une fuite mais d'une quête :
celle de la découverte intime du sens que nous allons pouvoir attribuer à notre
vie – ce qui nous permettra de trouver le sens que nous attribuerons à la
vie : celle du monde et celle d'autrui.
Ce peut être la décision de tout laïc qui, appelé
par une nécessité impérieuse, va s'isoler afin d'être seul, va "faire
retraite" durant une période plus ou moins longue – que ce soit dans un
monastère, un appartement, voire un hôtel tranquille. Cette solitude aide à
"faire le point", à se "recentrer", à (re)créer des
connexions avec l'environnement, donc à
établir dans l'existence de nouvelles priorités qui aident à poursuivre avec
plus de sérénité et donc à mieux communiquer avec l'entourage, sachant que "La solitude et la
communication ne doivent pas être les deux termes d’une alternative, mais deux
moments d'un seul phénomène." (Merleau Ponty).
Un autre degré est celui concernant la démarche propre
aux ordres religieux, en particulier celle des moines (< latin : monachus, homme solitaire), quelle que soit leur
religion. Cette recherche est différente par essence de celle des laïcs athées
ou agnostiques. La direction qu'ils vont donner à leur cheminement solitaire
est orientée par le Divin. Le laïc se cherche souvent une voie pouvant lui
apporter moins de stress, plus de tranquillité morale. Le religieux emprunte un
tronçon de cette voie mais il décide de la poursuivre aussi loin que possible
dans l'attente d'une transformation de tout son être par la pratique des
croyances propres à sa religion. La quête de paix, psychologique chez le laïc,
a pour but un certain confort mental ; ce n'est pas censé être le cas chez le
chercheur spirituel.
Le Mystique ou le Sage qui n'appartient à aucune Église,
lui, n'adhère pas (ou n'adhère plus) à des croyances dont il vise plutôt à se
dégager afin de s'accomplir dans un rapport direct avec le Divin, au-delà de
tout dogme.
Comme le moine, il est animé par une volonté
unique.
Le Sage qui choisit l'isolement (c'est le cas de
presque tous) ne le fait pas pour quitter le monde. Et s'il le quitte un temps
parfois très long c'est pour mieux le retrouver. Et le retrouver autrement. On pourrait dire qu'il le
rejoint physiquement lorsqu'il l'a rejoint en lui, spirituellement. Il a rendu
effectif cet accomplissement, cette "réalisation" par laquelle il a
mis fin à l'ignorance (cf. avidya) qui l'incitait à se croire "séparé"
d'autrui et du Réel.
Le Sage accompli est désormais en union avec
l'univers entier et les créatures qui le peuplent, parce que, dans sa solitude,
il a restauré une unité, a réalisé pleinement son identité avec le Divin.
Il n'a plus besoin de la solitude parce qu'il
n'est plus "deux en un" mais, pourrait-on dire, il est Un. Il peut
alors redescendre de la montagne, retourner dans les plaines au milieu des
hommes dont il ne sera plus jamais séparé.
QUEL EST DONC ALORS LE "BON
USAGE" DE LA SOLITUDE ?
On
l'aura compris, même hors de toute démarche spirituelle, la solitude est précieuse.
Mais il convient de la considérer plus comme un moyen que comme une fin.
Pour bien penser je dois me mettre à la place des
autres, être "deux en un", dialoguer avec moi-même – préfiguration de
dialogue avec autrui. Le vrai penseur
n'est séparé des autres que pour mieux les retrouver. Je ne dois donc pas m'enfermer
: si je pense seulement dans la solitude je ne sais qui je suis vraiment, j'ai
besoin du dialogue intérieur mais comme condition du dialogue avec les autres. L'expérience
de la solitude est positive si elle n'est pas repli sur soi mais permet de
s'ouvrir sur le monde, de passer à l'action, donc de mettre en acte sa cogitation.[3]
L'action donne du sens à la pensée mais, si
l'action est nécessaire, elle n'est pas suffisante en soi. Tout dépendra de sa
nature et de son adéquation avec le sens qui gouverne l'intention.
Mais il y a sens et sens…
Nécessaires pour agir, la réflexion, la
délibération, etc. ne nous permettent pas pour autant de donner un sens de
nature spirituelle à notre action. Seule une démarche solitaire visant à échapper
aux simples stratégies mentales peut conférer à l'action une portée d'ordre
spirituel – ce qui est un des objectifs du yoga. Il s'agit d'envisager que
"communiquer" ne consiste pas seulement à transmettre des concepts
mais à se faire disponible à l'écoute, dans un état aussi complet que possible d'ouverture,
afin de percevoir non seulement la pensée de l'autre mais, au-delà de
l'insuffisance des mots, la sensibilité et les émotions masquées ou déformées
par les peurs ou les convenances.
On aura compris que,
pour la vie quotidienne la plus harmonieuse possible, la communication avec autrui (et non l'"information"
à quoi elle peut avoir tendance à se réduire dans les rapports sociaux
actuels), exige de mettre fin à l'isolement passager et à la solitude lorsque
celles-ci nous ont suffisamment préparés à accueillir l'autre dans sa vérité.
Car la vérité de l'autre ne nous est accessible que si nous avons atteint au
moins partiellement notre propre vérité.
Atteindre sa propre
vérité, n'est-ce pas là un objectif de choix pour un pratiquant de yoga ? Ce
dernier aura donc à cœur d'élever son niveau de conscience en ne perdant pas de
vue les yama et niyama de Patañjali applicables au quotidien.
Ce n'est là ni plus
ni moins les étapes du processus que mettent en place les grands Maîtres pour
se nettoyer de la pollution du mental qui obscurcit l'accès à la seule Réalité déformée
par nos sens, masquée par l'intellect – les voiles séparateurs de Maya. N'oublions pas que "Nous ne sommes séparés de l'éternité que par
nous-mêmes" (André Comte-Sponville)
; qu'il nous appartient de faire bon usage de notre solitude en ne
perdant pas de vue qu'être au monde c'est être
avec, et d'abord avec autrui ; que
trop s'isoler en se mettant à distance de ce qui n'est pas assez bien, pas
assez beau, pas assez bon pour nous, c'est se noyer dans un néant égotique qui
n'est pas celui du Sage. Le Néant du Sage a été atteint par un être dépourvu
d'ego. Et son Néant est Amour pur.
Gérard
Duc
[1] Hannah Arendt, Questions
de philosophie morale, dans Responsabilité
et jugement, Payot, 2005, pp. 125 à 128, traduction de Jean-Luc Fidel.
[2] A. Schopenhauer : Aphorisme sur la
sagesse dans la vie, Trad. Cantacuzène, Ed. PUF
[3] Nous nous abstiendrons ici de prendre pour modèles certains Maîtres
qui passent toute leur existence dans la solitude absolue à la recherche de
l'Éveil. Les "Fous de Dieu" sont éminemment respectables mais les
prendre pour seuls modèles valables risque de décourager. Quand on n'est pas
une Ferrari, en attendant peut-être de le devenir, mieux vaut courir dans sa
catégorie en progressant.