Rencontre sur le Mékong

vendredi 14 janvier 2022

LES DETRACTEURS DU YOGA SE TROMPENT DE CIBLE

 

Que le yoga soit source de bienfaits physiques et psychologiques, cela est indéniable. Depuis son apparition, il y a peut-être plus de 4000 ans[1], il n'a cessé de prendre de l'extension dans l'espace et le temps et n'a jamais connu autant de succès qu'actuellement. Ses détracteurs – il y en a encore ­ ­– parlent d'un "phénomène de mode". C'est grotesque : une mode est transitoire, capricieuse et périssable ; or les principes fondamentaux du yoga, fixés par Patanjali dans les Yoga Sûtra entre 200 av. J.-C et 500 apr. J.C. (auxquels se rattache le raja yoga) ne sont pas révolus. Et si ce traité fondateur de 196 aphorismes a laissé libre cours à de multiples interprétations et adaptations, il ancre cette discipline dans une pérennité qui n'est en rien dépassée. Le yoga s'est adapté au temps et aux espaces dans lesquels il a essaimé, et sa vitalité demeure. Il faut dire que ses caractères propres (techniques posturales, pratiques respiratoires, maîtrise de la méditation qui assouplissent, détendent, renforcent et énergisent le corps et le mental en douceur) sont intemporels et conviennent plus que jamais à la recherche de cet équilibre dont notre époque dérangée semble priver les individus.

 

Pour y voir un peu plus clair…

 

Il est difficile de parler de yoga en général tant il apparaît sous diverses formes… 

A l'origine ,voie et ascèse spirituelle destinée à conduire à la Libération, le yoga est d'abord lié à des doctrines et pratiques exposées dans des textes. Puis il prendra différents visages sous l'influence de Maîtres a priori réalisés qui, tout en conservant les caractères du Hatha Yoga lui imprimeront la marque propre de leur croyance. Citons pour exemples le Kriya Yoga de Paramahansa Yogananda (1893-1952), le Siddha Yoga de Swami Muktananda (1908-1982), le Sahadja Yoga de Sri Mataji (1923-2011) et le Kundalini Yoga de Yogi Bhadjan (1929-2004). 

Viendront ensuite des yoga (dont certain auront leur nom déposé comme marque commerciale) souvent reliés à leur "inventeur" comme le Yoga Iyengar, Le Bikram Yoga, ou à une caractéristique méthodologique comme l'Ashtanga Yoga (se réclamant de Patanjali, physiquement très dynamique)  qui, depuis le début des années 2000 a fait des petits : Vinyasa Yoga, Flow Yoga, Yin Yoga, etc.  

A cela il faudrait ajouter les formes de yoga qui répondent à la demande de diverses situations ou clientèles, comme le yoga pour les seniors, les enfants, les couples stériles, les séropositifs (AIDS yoga), les femmes enceints, les nudistes, les joueurs de golf et même les chauffeurs de taxis (Taxi Yoga) !

 

Nous considérerons ici le Hatha yoga parce que ses caractères spécifiques fondamentaux   (postures, techniques respiratoires, méditation) se retrouvent dans la plupart des autres yoga dont on pourrait dire qu'il est le tronc commun, et que c'est de lui que traitent par défaut la plupart des commentaires – qu'ils lui soient favorables ou opposés. Ses principes fondamentaux sont exposés dans l'ouvrage de référence : Hatha Yoga Pradipika

Qu'ils le louent ou le discréditent, les auteurs se réfèrent essentiellement à deux ou trois domaines : celui concernant le corps (dimension physique) et celui concernant l'esprit (dimension psychologique) avec parfois l'apparition de la dimension concernant l'"âme" (dimension spirituelle).

 

Le plan physique

 

Nous le disions, le yoga a ses détracteurs. Leurs arguments concernant les dangers physiques de cette discipline devraient plutôt s'arrêter à la manière dont elle est comprise et transmise par ceux qui en font profession. Mal enseignée, toute discipline corporelle peut évidemment s'avérer dangereuse. 

 

Reconnaissons avant tout que certaines formes plus ou moins extravagantes,  éloignées des yoga originels peuvent être à l'origine de malaises et accidents variés comme le Bikram pratiqué dans une salle chauffée à 40,6 degrés.

Cependant chaque forme de yoga porte en soi ses risques : l'ashtanga yoga, rapide, physiquement exigeant, pose parfois des problèmes au niveau des épaules et des tendons ; l'approche Iyengar, mal maîtrisée, peut être catastrophique ; dans les centres Shivananda la posture sur la tête est pratiquement imposée au premier cours (c'est en tout cas le souvenir que j'en ai gardé… peut-être cela a-t-il changé). 

Mais il convient d'être très clair : dès qu'on exige du corps une postures qui ne lui est pas quotidienne un dommage peut se produire. L'athlétisme, la natation, l'alpinisme comportent des risques… Tout va dépendre de la qualité du formateur, du professeur, du guide dont le rôle est primordial. Sa maîtrise et sa compétence ainsi que sa conscience professionnelle peuvent et devraient éviter tout accident. La notion de progression physique s'impose. Nous y reviendrons, sachant qu'au préalable, il nous paraît essentiel de signaler  que le yoga n'est pas un sport ­– même si des compétitions de yoga sont organisées en Amériques après avoir failli l'être en Inde[2].

 

Le yoga n'est pas dangereux mais le professeur l'est parfois

 

Tout dépend de la personnalité du professeur mais surtout de la formation suivie. Actuellement des propositions de formation en 200 heures (voir par exemple : Yoga Alliance – formation en un mois ou sur plusieurs WE) ne sont plus rares.

Type d'annonce fréquent sur internet : "La formation intensive de 200 heures dispensée à l'ashram des Pays-Bas est reconnue par la Yoga Alliance et la Fédération Internationale de Yoga. Au terme de ces 4 semaines de cours, vous posséderez une base solide pour enseigner le yoga à n'importe qui."

"Base solide"… Il y a de quoi non seulement s'interroger mais s'insurger. 

Heureusement des formations sérieuses existent : l'Union Européenne de Yoga (UEY) [3] certifie la formation des enseignants par un diplôme si celui-ci est obtenu en 4 ans et 600 heures minimum. Les fédérations membres de l'UEY sont d'accord sur la nécessité pour les enseignants d'assimiler les connaissances, la pratique et les compétences pédagogiques, anatomiques, déontologiques, etc. requises pour enseigner.

Au-delà de l'exigence de bon sens, les quatre années imposées et les 800 heures sont insuffisantes : elles ne constituent en fait que le début d'une sâdhana (recherche personnelle) qui peut et devrait durer toute une vie. Ce n'est en effet qu'à force d'expérience, d'approfondissement et de réflexion que s'affine peu à peu la transmission de ce qui relève d'un art touchant simultanément à tous les domaines de l'individu. 

C'est dire qu'une formation acquise en un mois est une formation embryonnaire pour un diplôme au rabais qui crée de pseudo professeurs peut-être de bonne volonté mais incompétents et dont les erreurs ne peuvent que conforter les adversaires d'un yoga pouvant en effet s'avérer physiquement dangereux.

 

Pour illustrer ces dérives frôlant parfois la caricature citons l'exemple de Glenn Black, un professeur de yoga qui déclare: "Aujourd'hui, beaucoup d'écoles poussent les élèves à bout. [] La plupart des adeptes devraient arrêter le yoga. Ce n'est pas pour tout le monde." Cette déclaration tout à fait pertinente dans sa première phrase devient  plus surréaliste quand on découvre que le professeur en question a eu recours au yoga pour soulager sa douleur après une hernie discale et "s'est méchamment blessé le dos en tentant de reproduire la posture de l'angle ouvert sur le côté" ! [4]

 

Le comportement du professeur doit viser non seulement à la maîtrise de savoir faire et de savoir être mais à la connaissance de la psychologie des élèves. Ne serait-ce que pour les inciter à la mesure. 

En effet, un adulte prenant des cours de yoga redevient facilement l'élève qu'il était à l'école. Les conditionnements de jeunesse ressurgissent : faire des efforts, se dépasser, ne pas s'écouter, ne pas lâcher prise, défier, devancer ses condisciples, être en tête du troupeau, bref "performer" comme on dit dans le monde de l'entreprise… Autant d'injonctions soi-disant éducatives, tellement entendues et si bien assimilées qu'elles apparaissent comme devant s'appliquer à tout ce que nous entreprenons d'important au cours de notre vie. C'est ainsi que se met en place le monde orwellien de l'aliénation. Censées permettre notre réussite et notre épanouissement, ces attitudes font partie des comportements professionnels mais aussi, et c'est effrayant, de développement personnel. La caricature de ce type de dérives est le sport ; il les a si parfaitement intégrées qu'elles ont conduit aux excès que l'on sait. Des activités dont l'origine première était de permettre à l'humain d'accéder à une forme de liberté, ne font que l'aliéner davantage en le soumettant à un modèle dénué de toute élévation.

 

Quel que soit l'âge de l'élève, il est presque inévitable qu'à tel ou tel moment du cours, dans telle ou telle âsana, tel ou tel élève ne résistera pas à la tentation de dépasser les limites articulaires ou musculaires d'un corps qui, si on sait l'écouter, prévient toujours avant que surgisse la douleur. Celle-ci et la sanction qui la suit ne sont pas toujours immédiates. L'excès peut provenir de la répétition d'une posture ou d'un mouvement non ressentis comme agressif dans l'instant mais qui, reproduits au fil du temps, agissent comme la goutte d'eau qui érode et creuse le roc. L'âge venant, l'adepte inconséquent réalise alors mais trop tard que les dégâts produits ont pour seule origine un refus de prudence, un déni de réalité ou hybris(démesure inspirée par orgueil). 

 

Il revient donc au professeur de mettre en garde clairement et régulièrement les pratiquants de son cours contre les risques plus ou moins manifestes dans l'instant mais bien réels. Il ne s'agit pas pour autant d'en faire une obsession ni d'en exagérer la réalité mais d'en exposer objectivement l'existence.

 

A ce propos, nombre de professeurs non seulement n'insistent pas assez sur la nécessité primordiale d'"écouter son corps" (en particulier d'être attentif au moindre clignotant signalant une douleur ici ou là) mais incitent silencieusement ou verbalement les élèves à les imiter, à se dépasser. Il en existe aussi qui n'hésitent pas à donner la mesure de leurs capacités physiques (ah… l'ego !) ce qui incite les élèves à aller au-delà de leurs propres possibilités.

Je n'ai vu que trop rarement un professeur conseillant à ses élèves de s'arrêter avant qu'une contrainte anatomique fasse glisser de l'inconfort à la douleur ; d'interrompre une posture ou un enchaînement et de s'allonger si nécessaire ; de ne pas mettre sa volonté à franchir ses propres limites (auto-compétition beaucoup plus fréquente que la compétition avec son voisin ou sa voisine de cours). 

Rares sont les élèves acceptant (à plus forte raison demandant) un aménagement de posture, d'autant plus si cet aménagement exige un coussin, un tabouret, une couverture pliée… Il s'agit dès lors d'imposer en douceur. Peu de professeurs osent cela. D'autant que, même s'il sont attentifs et soucieux, s'ils ont devant eux plus d'une dizaine d'élèves, il leur est difficile d'être conscients de ce qui passe chez chacun.

 

Le yoga n'est pas dangereux mais le système du yoga business peut l'être  

 

Comme toute activité connaissant un fort engouement, le yoga est un miel qui attire les frelons voraces et toutes celles et ceux pour qui l'internet est un moyen de rendre service à leurs semblables moyennant sinon un retour sonnant et trébuchant, du moins une exhibition anatomique délectable permettant à l'ego d'étancher sa soif de reconnaissance. Le respect de l'élève, passe alors bien après l'intérêt particulier. Quant à la dimension sinon spirituelle, du moins psychologique, elle n'occupe aucune place malgré l'application de ces professeur(e)s pour donner à leur voix l'onctuosité angélique sans doute destinée à nous emmener au 7eciel du monde merveilleux des chakra. En fait, il semble bien que le professeur filmé donne plus d'importance à son image qu'à des élèves invisibles à ses yeux donc inexistants…

 

Un certain nombre d'élèves utilisent l'internet, des livres ou des magazines pour pratiquer chez eux. Les postures montrées en images statiques ou animées, pas toujours commentées, se présentent par défaut comme objectifs à atteindre. Dès lors le non averti prend des risques pour accéder au plus vite à cet "idéal". On force, on insiste, on veut arriver à ressembler à cette jolie femme, acquérir au plus vite sa ligne et sa souplesse.  Le résultat de ce  "yoga-kodak", on s'en doute, fait le bonheur des ostéopathes et des kinésithérapeutes. Il peut être catastrophique : tassements vertébraux, déchirures de ligaments, lésions articulaires en particulier chez les personnes âgées.[5]

 

L'assiduité étant conseillée, l'élève va donc s'exercer seul – souvent mal, et, pour certains enthousiastes, trop souvent et trop longtemps. Mieux vaut peu que trop. Mal prise, même une posture non acrobatique, une posture inversée (paschimottanâsana la chandelle), une assise en lotus, un cobra (bujangâsana) etc. peuvent endommager des cervicales, des genoux, des lombaires et entraîner des douleurs à vie…

 

Le plan mental

 

Il est de plus en plus rare de trouver des témoignages mettant en cause le yoga dans certains cas de déséquilibre mental. Lorsque cela se produit il est vite avéré que les troubles vécus par le sujet préexistent à la pratique du yoga. Citons ce témoignage de 2010 (nous n'en avons pas trouvé de plus récent) dont l'extrait choisi illustre assez bien les manifestations caractérisant le trouble ressenti par une adepte mettant ses symptômes sur le compte de la kundalini :

"Lors d'une rencontre en dehors du cadre du travail, [le professeur et moi] nous sommes retrouvés, lui assis sur une chaise en train de relaxer (méditer, je l'ai compris plus tard) et moi derrière la chaise à lui passer les mains dans les cheveux. Il s'est alors passé quelque chose d'étrange. J'ai perdu conscience un moment tout en restant debout. Lorsque je suis revenue à moi, il y a quelque chose qui a pénétré ma poitrine (plexus solaire) et cela m'a fait grimacer. Dans les semaines qui ont suivi, j'ai noté un changement de comportement chez moi. Mes goûts vestimentaires n'étaient plus les mêmes. J'avais le goût de vêtements décolletés et plus moulants…" [6]

Le nombre infime de témoignages qui jugent le yoga dangereux pour le psychisme portent tous les indices ou les symptômes évidents d'une forme de confusion mentale ou d'exaltation de type religieux – les deux attitudes coexistant souvent… Élucubrations délirantes ou/et véhémence fanatique jugeant le yoga incompatible avec une confession, voire démoniaque, sont finalement inoffensives tant les reproches de ces intégristes sont extravagants et leurs arguments (quand il y en a) aberrants...   

 

Pour appuyer ce constat, citons Marie-Josée Croteau (sociologue de la santé au Québec) déclarant : "Le yoga et la méditation semblent être les principaux déclencheurs du syndrome de kundalini et des crises d'émergence spirituelle []

Parmi les observations notées par les scientifiques on trouve: comportements irrationnels, visions, mouvements involontaires. [] On n'a pas déconfessionnalisé les écoles, on a déchristianisé les écoles. On a retiré la religion catholique, mais en faisant entrer le yoga, c'est comme si on introduisait une pratique qui est fortement connectée à l'hindouisme par la porte arrière…" Ces considérations stupides ne méritent pas d'être commentées et témoignent de la confusion intellectuelle (pour ne pas dire plus) de bien pensants qui… pensent très mal.

 

Mon expérience m'a fait rencontrer dans certains centres (ceux plus ou inféodés à des croyances assez manifestes sans pour autant qu'on puisse les qualifier de sectaires) des pratiquants un peu "perchés" comme on dit. Mais plutôt que d'accuser le yoga d'être cause de leur décentrage, je dirais plutôt qu'il contribue à les stabiliser, à les équilibrer en les rendant plus sereins parce que les ancrant dans un environnement empreint de douceur et de bienveillance.

 

De nos jours il est suffisamment acquis que le yoga (pratiqué de plus en plus dans des centres hospitaliers et des établissements scolaires) est un remarquable moyen de lutter contre l'anxiété, les tensions, les rechutes dépressives, etc. pour que nous ne nous arrêtions pas davantage sur les bienfaits qu'il procure sur les plans psychique et psychologique. Ces derniers semblent acquis y compris par la communauté médicale qui voit en lui un grand nombre de bienfaits : 

"Des essais cliniques ont montré que le yoga améliore la douleur en étirant les muscles et en alignant la posture, abaisse la tension artérielle en rééquilibrant le système nerveux autonome et réduit l’inflammation en régulant le stress chronique. Ces derniers temps, le yoga est de plus en plus perçu non seulement comme un moyen de réduire le stress et d’améliorer la forme physique, mais aussi de surmonter la souffrance mentale", affirme dans Sud Ouest le Pr Holger Cramer, Directeur de recherches médecine interne et intégrative à l’Université de Duisburg-Essen." [7]


 

Conclusion

 

Le yoga apparaît actuellement comme discipline bienfaisante sur tous les plans. Les Français ne s'y trompent pas. En 2019 on comptait 2,6 millions de pratiquants contre 1,8 millions en 2017. Mais il est à noter que ses objectifs premiers (libération, éveil) sont supplantés par une recherche beaucoup plus terre à terre : 83% veulent évacuer le stress ; 65% prendre soin et entretenir leur corps ; 37% visent à rester en bonne santé. [8] Il en va de même pour la méditation qui perd de plus en plus son caractère spirituel au profit de bienfaits psychologiques.  Ce glissement de registre, de statut, est caractéristique de notre époque : le bien-être du corps et du mental l'emportent sur le souci de l'âme. On peut le regretter …Mais cela est un autre sujet.

 

                                                                                             Gérard Duc

 



[1] Civilisation dont témoignent les sculptures de Mohenjo-Daro, dans la vallée de l'Indus et en particulier un sceau représentant un personnage assis dans une posture de yoga.

[2] En septembre 2015, le ministère indien des Sports décrète que le yoga est un « sport » et l’inclut dans la liste de ceux considérés « prioritaires », ouvrant ainsi la voie à son financement étatique. Organisatrice de championnat de postures, la Fédération indienne de yoga se réjouit de ce décret et y voit un premier pas vers la reconnaissance du yoga comme « sport olympique ». Quatorze mois plus tard, le 21 décembre 2016, le ministère se rétracte : il déclare que « le yoga a diverses dimensions dans lesquelles les compétitions ne sont pas possibles » et conclut que « le yoga ne peut pas être qualifié comme un sport.» 

[3] Yoga 7  proposera une formation de 800 heures

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