Rencontre sur le Mékong

jeudi 24 janvier 2013

BILLETS DOUX / DURS (7) Agir ou... réagir ?

Réagir mène le plus souvent à un acte faux


Si "être en yoga" consiste entre autres à "agir juste", il y a tout intérêt à ne pas confondre action et réaction...




Le minéral attend, le végétal espère, l'animal réagit. 
Seul l'homme agit. 
Malheureusement, à y bien regarder, nos actes sont souvent des réactions. 
Quoi d'étonnant que l'homme actuel se comporte en un animal - voire en loup ?

Evitons les généralités de type sportif, politique, économique, mondain... Nous serions ensevelis sous les exemples qui démontreraient à l'évidence que la plupart des actes accomplis par des personnalités en vue (cf. les médias) ne sont en fait que des réactions. Bestiales ? Pas forcément. Quoique...

Venons-en plutôt à ce qui nous concerne, pratiquants de yoga...

Entendons-nous d'abord sur le terme : une "réaction" est une "action en retour". Si je "réagis à..."(que ce soit "avec", "pour" ou "contre") mon action est forcément de seconde main. Elle suppose non pas une initiative, une décision née en moi mais déclenchée par un phénomène, une personne, un objet etc. qui lui est extérieur. 

Cela posé, en quoi est-ce dérangeant ?  "Réagir contre l'injustice", par exemple, en quoi est-ce dérangeant ? C'est dérangeant en ce que cela n'est pas la même chose que "Agir pour la justice". On peut percevoir qu'entre les deux attitudes existe une nuance assez conséquente que nous laisserons à chacun le soin de déterminer...

Le contexte qui nous intéresse est un peu différent. 

Agir - réagir...
Au niveau de la parole, d'abord. Il s'agit simplement de nous rendre conscient que, très souvent, nous allons trop vite, nous ne tournons pas sept fois (deux suffiraient) notre langue dans notre bouche. Cela parce que nous nous écoutons d'abord, avant d'écouter l'interlocuteur. Pour peu qu'une parole nous déplaise, nous avons tendance à intervenir immédiatement. A chaque fois que nous mettons en place ce type de réaction, nous empêchons le véritable dialogue et anéantissons toute chance de véritable communication. Apprendre à écouter, à différer ce que nous avons à dire (même - et surtout - de peu agréable pour l'autre) est un travail de type yogique. Il suppose une prise de distance émotionnelle,  et une prise de conscience rarement présente : les paroles de l'autre cachent une réalité qui est souvent tue. Dès lors, à moi de sentir les non-dits, de les dé - couvrir et d'en tenir compte. S'il y a des malentendus c'est qu'il existe des malentendants. Un adepte du yoga désireux d'appliquer les beaux préceptes rencontrés lors de ses lectures ne pourra que convenir de la nécessité d'être constamment dans l'attention (notion clé : être dans l'instant présent. Très souvent quand l'autre parle je suis dans le futur : je pense à ce que je vais répondre) et en particulier dans l'attention à autrui donc de me rendre "bonentendant"... 

Au niveau des actes, ensuite. "Une action consciente, disait Nil Haoutoff, peut prendre la même forme que celle de la réaction. La différence cependant, est totale..."
Interrompons le maître sans vergogne et prenons un exemple simple. Un enfant joue bruyamment et dérange tout le monde. Il le sait parce que sa mère le lui a signifié. Il continue malgré tout... La tension monte. La mère a patienté mais le petit monstre continue... Une tape part mais sans irritation de la part de son auteur. L'enfant reçoit le message (la tape), ne l'apprécie pas, certes, mais réagit - en principe - paisiblement. En revanche, si la même tape est partie parce que la mère, excédée, n'en peut plus, l'enfant hurle et la corrida commence... On aura compris que, dans le premier cas, la tape était "action" (décision posée, sereine) et dans le second "réaction" incontrôlée. 

Reprenons la phrase précédemment citée et achevons-la : ".Une action consciente peut prendre la même forme que celle de la réaction. La différence cependant, est totale et le karma qui en résulte également" Ceux qui épousent pleinement les conceptions yogiques ne seront nullement étonnés. Ce qui préside à nos actes, l'énergie qui les motive, décide du "bon" ou du "mauvais" karma qu'ils entraînent immanquablement. 
Cela se constate dans cette vie, dans le quotidien le plus concret : une démarche, même  risquée, mais spontanée, une "action" donc, aboutit souvent à des effets plus positifs que la même démarche mais dictée par un élément extérieur qui fait d'elle une "réaction". Chacun trouvera sans avoir à chercher longtemps l'exemple illustrant ce qui est finalement une loi presque scientifique...

Action - réaction. Cette confusion (il y en a d'autres, malheureusement) entrave considérablement notre progression dans la vie quotidienne et, en particulier, dans notre sâdhana (= pratique, cheminement spirituel). Elle mérite d'être évitée aussi systématiquement que possible.

                                                                                                                                             GD









BILLETS DOUX / DURS (6) La mort, épouvantail absolu.

La peur de la mort 



Cette peur ne se nourrit que de chimères. Nous sommes des chenilles qui ignorent que mourir c'est devenir papillon. La chenille craint-elle la métamorphose qui s'apprête ? Nous, oui.





Est-ce que c'est vraiment parce que nous avons peur de la mort que nous ne la regardons pas en face ? Ou bien parce que nous ne la regardons pas en face qu'elle nous effraie ? Ce que je ne regarde pas vraiment me reste inconnu. Et l'inconnu effraie. Certes, direz-vous, mais nous avons beau mettre le nez dessus, la mort nous restera à jamais inconnue... et nous continuerons d'avoir peur d'elle.
Cette logique est spécieuse.

Les civilisations du passé vivaient avec la réalité et non à côté... (nul ne contestera que la mort est une réalité...) Actuellement, en Occident, tout semble étudié pour masquer, occulter, déguiser la seule chose dont nous soyons certains : nous mourrons un jour. Combien de temps a-t-il fallu pour que la "terrible maladie dont a été victime Machichose" devienne : "Machinchose est mort du cancer - ou du sida" ? 

Dès lors on peut se demander si, à force d'être soumis à ces euphémismes qui dénaturent... la nature (la mort est "naturelle"), nous ne sommes pas toujours davantage victimes du raisonnement suivant : si on n'ose même pas la nommer, c'est que la mort est vraiment nuisible et à juste titre terrifiante. Et peu à peu, s'installe en nous la certitude que la mort est l'ennemie. Bel exemple du pouvoir quasi absolu qu'exerce sur notre mental une absurdité présentée comme vérité incontestable ! Nous admettons comme "évident" ce qui, en fait ne l'est pas du tout et considérons comme hideux et ignoble ce qui, pourquoi pas, serait "le moment culminant de notre vie, son couronnement, ce qui lui confère sens et valeur." (Marie de Hennezel, La Mort intime, R. Laffont, 1995).

Fermer les yeux sur ce qui est, non seulement ne supprime pas ce qui est, mais crée le pire. L'ombre est plus effrayante que la source de l'ombre. Et si je refuse d'observer bien en face, mon imagination prend le pouvoir, se substitue à la réalité et n'en finit pas de projeter ses monstres intimes.

Il est possible de vivre "avec" la mort et non "contre" elle. Et de cette cohabitation peut surgir non seulement la paix de l'esprit mais une "joie essentielle" qui ne laisse plus aucune place à la peur.

Se pencher sur les Livres fondateurs, étudier la Gîta, les Yoga-Sutra est important mais inutile si on n'essaie même pas de vivre le message qu'ils transmettent.

Nous sommes des chenilles qui ignorent que mourir c'est devenir papillon. La chenille craint-elle la métamorphose qui s'apprête ? Nous, oui. Nous tenons à notre médiocrité et nous cramponnons à ce que nous croyons posséder légitimement. Non seulement nous ne possédons rien (et surtout pas notre vie :  le premier souffle nous a été donné, et nous devons le rendre en expirant) mais nous refusons de lâcher l'ombre alors que nous sommes destinés à la Lumière (quelle qu'en soit la nature). 

Ajoutons pour terminer (ce qui pourrait faire l'objet d'un ouvrage - mais ce n'est qu'un un "billet" !), que si c'est en déshabillant un épouvantail que je n'en ai plus peur, c'est aussi et surtout en méditant sur la nature de ma peur que je peux la faire disparaître. Car rien de légitime n'en justifie la présence. 

                                                                                                                                                     GD












BILLETS DOUX / DURS (5) Au secours, je suis à plat...

Aller lentement, ce n'est pas stagner



Baisse d'enthousiasme, de régime, fatigue : la ferveur qui habituellement nous anime, connaît des moments de déprime... C'est grave, Maître ?




Nous voici dans la saison lente, celle où le froid fige les eaux et où toute chose semble plongée dans un silence intérieur. Dès que nous le pouvons, nous nous calfeutrons dans nos maisons et, à l'image de certains végétaux et de certains animaux, nous économisons l'énergie accumulée durant la chaude saison.

L'hiver se prête plus à la méditation que l'été. Les retours sur soi sont plus aisés durant les "saisons centripètes", celles où, comme tous les éléments de la nature, nous éprouvons davantage le désir d"aller de l'avant".
Ainsi notre vie est-elle réglée par des rythmes auxquels nous ne sommes pas aussi soumis que des ours ou des marmottes, mais nous aussi nous connaissons des moments d'expansion et de rétractation.

Ces ruptures plus ou moins marquées de nos rythmes intérieurs sont parfois difficiles à vivre. Quel adepte pourrait prétendre ignorer les moments de doute durant lesquels la ferveur perd de son intensité ? Comme si cette énergie qui nous tire vers le haut (cf. posture de l'arbre) faisait défaut ; comme si un arrêt se produisait. L'enthousiasme a son revers : plus il est intense, plus son fléchissement risque d'être vécu comme une phase de dépression.

Chögyam Trungpa, dans Méditation et action (Collection Point - Sagesse), recommande "d'avancer au pas de l'éléphant", c'est-à-dire posément, lentement, d'une démarche impassible, mais qui se poursuit néanmoins, pas après pas, "comme un éléphant avance dans la jungle". Il se peut alors, ajoute-t-il, que la lutte continuelle soit d'une grande lenteur. Mais il ajoute également, citant Milarépa : "Celui qui va lentement arrivera rapidement". Voilà des paroles bien réconfortantes pour toutes celles et tous ceux qui traversent un hiver intérieur !

Nous pourrions aussi évoquer ces rivières dont la surface gelée offre au regard sa seule immobilité. Mais au-delà, dans la profondeur, l'eau poursuit sa course.

Lorsque nous traversons une période de moins grande énergie, l'essentiel est de préserver, au plus profond, ce mouvement peut-être ralenti, mais ininterrompu de shrada, la "foi" (comprenons : confiance, certitude, conviction) qui nous fait avancer envers et contre tout, même si c'est au rythme de la tortue. Le printemps ne manque jamais de revenir et avec lui la lumière qui nous "réanime" - nous "redonne une âme"... que nous n'avions pas perdue mais qui avait besoin, peut-être, d'hiberner.

                                                                                                  GD

BILLETS DOUX / DURS (4) - Bonne Année... tu parles !


"Nous sommes les fils d'un monde nouveau dans le crépuscule de l'intellect et des machines..."

2013, une année de plus... Cela devrait m'inspirer de hautes considérations… Mais rien à faire...

... je n'arrive pas à sentir en quoi cette nouvelle année qui commence pourrait diffèrer des précédentes. Où en est l'homme de son évolution morale et spirituelle ?  A-t-il développé davantage l'amour de son prochain ? Le respect de sa planète ? En un mot, les humains sont-ils plus humains ? On me pardonnera facilement de ne pas formuler de réponse à ces questions. Surtout ne pas gâcher la fête…

S'il est vain de tenter un état des lieux satisfaisant à l'échelle planétaire, il peut être néanmoins possible, voire utile, de réaliser un état des lieux de mon intime petite planète intérieure. Les quelques années de cette vie qui m'a été donnée sont autrement plus cruciales que les belles considérations sur le passé ou l'avenir des autres. Sans doute est-elle infime cette vie-là, "ma" vie, au regard d'un millénaire plus une décennie. Mais elle est. Elle est même ce que je veux bien en faire. Et, par ce choix qui n'appartient qu'à moi, je décide de l'état dans lequel je souhaite laisser l'humanité quand je quitterai la surface de cette terre.  Parfaitement : ces quelques 7 ou 8 secondes d'existence que sont mes années de vie au regard du temps cosmique auront contribué à dégrader ou à améliorer le degré de conscience de l'humanité tout entière.  Pas question, si je suis conscient de l'enjeu, de les gaspiller à d'autres choses qu'à les vivre attentivement.

Fi donc des hautes réflexions socio-politico-économico-philosophiques sur la violence de mes voisins européens, américains, russes ou africains ! Sommes-nous plus imbuvables qu'il y a 1000 ans ? Mauvaise question ! La bonne question est : "Suis-je plus imbuvable qu'il y a un an ?" Ou, au contraire, suis-je un peu moins égoïste ? Si la réponse à cette dernière question est "oui", c'est gagné ! Et tout le reste n'a pas d'importance.

"Nous sommes les fils d'un monde nouveau dans le crépuscule de l'intellect et des machines (…) et nous frappons dans la nuit, nous ne savons pas la route, nous ne savons même pas nos mots ni notre sens, mais nous cognons aux portes de l'avenir, nous balbutions les paroles de l'autre homme, nous délivrons les lumières qui bâtiront le monde de demain aussi sûrement que les anciennes lueurs du singe ont bâti l'homme d'aujourd'hui." 
En relisant cette phrase de Satprem, comment ne pas se prendre à rêver d'un monde meilleur ?
Seulement, comment faire passer l'homme de l'autre côté, celui de la lumière, si ce n'est en travaillant personnellement à mettre en soi un peu plus de clarté ?
C'est cela que je nous souhaite pour cette nouvelle année comme les autres ! Un zeste de clairvoyance. Pas pour y voir plus clair chez les autres (on y arrive assez bien !) mais en soi. Et ça...
                                                                                                                     
                                                                                                      G D

BILLETS DOUX / DURS (3) - Qu'elle (il) est moche !

Si Yseut avait été borgne...


Si Yseut avait été borgne, Tristan l'aurait-il aimée ?




Une plage. Autour de vous, de beaux corps, plus ou moins dénudés. De moins beaux également. Lesquels regardez-vous le plus ? 

Ce regard sur les apparences, ah ! comme il juge ! Comme il mesure, comme il vibre facilement, un sismographe ! La blonde, là-bas, force 7 sur mon échelle de Richter. La rouquine ? bôf, pas une seule secousse...

La beauté d'un être, c'est quoi ? Vous tenez à une réponse ? La voici : la beauté d'un être c'est "... une certaine longueur de viande, un certain poids de viande, et des osselets de bouche au complet, tente-deux... Cette longueur, ce poids et ces osselets, si je les ai, elle sera un ange, une moniale d'amour, une sainte. Mais si je ne les ai pas, malheur à moi ! Serais-je un génie de bonté et d'intelligence et l'adorerais-je, si je ne peux lui offrir que cent conquante centimètres de viande, son âme immortelle ne marchera pas, et jamais elle ne m'aimera de toute son âme immortelle... il nous faut cent soixante-dix centimètres de viande au moins et qu'elle soit bronzée !"

Chacun se souvient de ce passage de Belle du Seigneur, d'Albert Cohen. On lui reprochera d'accuser ici le regard des femmes. Il va de soi que c'est aussi celui des hommes - et certainement davantage celui des hommes...

Cet extrait, malgré sa crudité, est atterrant de vérité. La vérité est ainsi, même si nous l'adoucissons en la  modulant. A moins d'être hypocrites, reconnaissons à quel point nous sommes sensibles à l'enveloppe. Nous ne cessons de parler de la beauté de l'âme mais nous louchons sur une belle paire de fesses.  

Exagération ? Alors faisons un test :
Vous êtes sur la plage dont nous parlions au début. Vous êtes catholique ou autre, prof de yoga pourquoi pas, en tout cas vous accordez beaucoup d'importance à l'esprit, à votre vie intérieure, à la spiritualité, au divin, etc. Sous le sable de cette plage, vous apercevez un objet. Vous vous en saisissez : c'est une lampe, youpi, c'est la lampe qu'Aladin, en goguette, a perdue l'autre soir. Vous la frottez, le génie en sort, vous propose de choisir entre deux propositions celle qui sera exaucée - une seule, attention :
- passer la journée et la nuit avec la brune au corps de rêve et au visage d'ange que vous ne pouvez quitter des yeux depuis son arrivée, mais qui n'éprouve pas d'intérêts autres que mondains ;
- passer la journée (et, si vous le souhaitez, la nuit) avec cette femme obèse, qui louche, mais dont la réalisation personnelle vous apportera énormément sur le plan spirituel.

Alors ?

Nous sommes intoxiqués, essentiellement par les images que véhiculent les médias. Pas facile de s'inventer une autre manière de regarder les femmes (ou les hommes), que celle qui nous est présentée, de nous faire un oeil assez perçant pour qu'il franchisse la surface du paraître, la peau des choses et des êtres.

L'essentiel est invisible au regard... Je le sais, petit renard ! Pourtant, ce regard, quelle dictature il  établit sur mon esprit... Comme il sert mon ignorance !

Que faire ? D'abord reconnaître cette triste évidence : je suis souvent à la merci des apparences. 
Ensuite,  créer lune situation permettant de dépasser ces apparences. Faire connaissance avec cette femme ou cet homme pas beaux du tout... Ecouter, parler...

J'ai eu la chance de rencontrer Mère Teresa, à Calcutta. Elle n'était pas canon. J'en suis pourtant tombé amoureux immédiatement. La jolie brunette de la plage n'offrait plus d'intérêt... Juré ! Facile, me dira-t-on, Mère Teresa rayonnait ! C'est vrai... 
Alors que cette grosse dame, là-bas, en train de tirer sur sa clope, elle ne rayonne pas vraiment... 
Là est l'erreur, quelque chose rayonne en elle, forcément. C'est cela que, suivant les hasards des rencontres, je peux au moins essayer de rendre visible et d'aimer. Si je me prétends tel que je voudrais être, en tout cas...

                                                                                              GD                                                                                                                                                  

BILLETS DOUX / DURS (2) - Le temps d'un soupir

Petite méditation à l'usage de ceux qui respirent

A chaque fois que j'expire, je fais l'expérience d'une petite mort pour renaître à l'inspiration suivante.





J'expire, j'inspire, j'expire, j'inspire… et ainsi des millions de fois depuis mon premier souffle jusqu'à l'ultime expiration.

A chaque fois que j'expire, je fais l'expérience d'une petite mort pour renaître à l'inspiration suivante. Car l'inspiration ne peut surgir que s'il y a d'abord expiration.  Ainsi se tisse notre existence : entre vivre et mourir.

Expirer c'est consentir à offrir.
Si je cherche à retenir ce consentement, si je me crispe dans le refus de donner, ma respiration se fait courte, avare.
Si j'accepte ce don comme un don, me départis de toute volonté de possession, je suis accordé et je joue juste.
La musique du joueur de flûte ne peut naître que du souffle rendu.
Aucun  instrument à vent ne répond à une inspiration. La flûte ne vit que sur le consentement de l'artiste à mourir, elle ne chante que sur cet abandon.

Je m'endors sur une expiration. Je meurs donc à la veille pour naître au sommeil qui est une autre veille.
Je meurs à une réalité extérieure pour renaître à ma réalité intérieure.
Je meurs à la lumière extérieure, je ferme les yeux sur elle pour les rouvrir à ma lumière intérieure.
Tout repos, à commencer par celui de l'esprit, exige ce renoncement aux dehors.
Ainsi sera mon dernier sommeil, mon repos final, ultime apaisement : fermeture à ce monde, ouverture à un autre.

Apaisement, oui, mais à condition que je renonce à ce qui n'est pas mien. Aucune paix sans ce dessaisissement consenti, si je n'ai pas compris que, mon premier souffle m'ayant été donné, je dois accepter de le rendre. 
"Rendre l'âme", dit le langage populaire. Il dit aussi "perdre l'esprit". "Spiritus" signifie "souffle". Rendre son dernier "souffle" c'est donc rendre à son légitime propriétaire l'"esprit" qu'il nous a insufflé. 

Je suis donc plus respiré que je ne respire. Je contrôle un peu ma respiration mais c'est elle qui, toujours, a le dernier mot. Elle qui décide d'entrer en moi et de sortir, je ne puis aller contre cette volonté. Elle me rappelle que nous ne possédons jamais rien très longtemps. Disons… le temps d'un soupir, plus ou moins prolongé.

Prendre sa respiration. Rendre son dernier souffle. Je prends ce qui m'est prêté – le temps d'une vie. Et puis je rends. De qui me vient ce prêt ? A qui doit-il être rendu ? Qu'est-ce qui respire en moi ?

A la fin de chaque inspir, de chaque expir, un temps de silence, d'immobilité, de suspension. Quel est le lieu de cette immobilité ? Quel est le son de ce silence ?
Une pause, mort infime, repos d'une seconde, qui revient des millions de fois ; au cœur de cette suspension, la présence contenue d'un départ, d'une éclosion à l'ailleurs. Celle de l'éternité que je porte en moi et qui attend son heure ?

J'expire, j'inspire, j'expire, j'inspire… Expir flux ; inspir reflux. Rythme des marées et de la vague au rivage. Le grand mouvement océanique va et vient en moi. Je le porte et il me porte.

De cette mer je suis la mère et l'enfant. Je me laisse aller au rythme du bercement originel : inspir… expir… Je crois le créer mais c'est lui qui me crée à chaque instant. Rythme de l'amour.

De lui surgit tout ce qui est porteur de beauté. Les mots du poète (rimes féminines – masculines, vers pairs – impairs), le geste du peintre, les notes du musicien naissent de leur inspiration. Le poème, le concerto, le tableau en sont l'expiration. Chaque œuvre, d'abord inspirée, meurt dans cette expiration par laquelle l'artiste lâche prise et abandonne sa création au monde. Le monde de ceux qui accueillent et recueillent ce souffle coloré ou sonore ne le concerne plus.

Ce qui est reçu est ainsi redonné. L'artiste vraiment inspiré ne peut faire autrement que d'expirer son œuvre. La garder en lui le mène à l'asphyxie. L'artiste qui n'est pas inspiré ne respire que physiquement : il est mort intérieurement s'il ne laisse pas son âme respirer. Il ne lui reste plus qu'à soupirer…

Or, si respirer c'est être dans la présence de l'amour, soupirer c'est être dans l'absence de l'amour : l'amant soupire lorsque s'éloigne la bien-aimée. Le soupir veut recréer l'équilibre compromis. Il est l'expression d'un manque.

L'Esprit qui souffle est partout. Pourquoi alors soupirer comme si ce Souffle s'était absenté ? Nous avait abandonné ? Pourquoi s'essouffler à poursuivre ce qui est présent en nous ? Celui qui court à perdre haleine ne trouve qu'absence. Seul trouve la Présence celui qui arrête sa course pour s'asseoir dans l'écoute du Souffle qui respire en lui.

                                                                                                GD

mercredi 23 janvier 2013

BILLETS DOUX / DURS (1) Souffrir : une chance...


La souffrance est notre chance…


La souffrance est sans doute la plus vieille compagne de l’homme depuis qu’il est sur cette terre. Compagne imposée, subie, détestée... Et si nous la regardions autrement ? Elle est peut-être une chance qui nous est proposée d'accéder à la vraie liberté...




"Tout est douleur" – sarvam dukham – constatait Bouddha. "Tout est souffrance pour le sage", constatait Patanjali (Yoga-Sutra, II, 15).

La tradition judéo-chrétienne en fait parfois le prix à payer par quoi l'homme peut racheter la faute originelle[1], cependant à aucun moment il n'apparaît dans la Bible que la souffrance serait le châtiment d'un péché. Jésus dénonce implicitement cette tendance qu'avaient déjà les hommes d'associer la souffrance à une faute[2]Il n'en reste pas moins que, saints mis à part, nous la considérons comme haïssable : "Pour nous la souffrance n'est que laide ; elle est la puanteur, la foule grouillante, la douleur physique." (G. Greene)

Nous savons que dans la tradition indienne la souffrance n'est pas le moyen d'expier une quelconque faute originelle : l'ignorance[3], qui est à la source de cette souffrance, est une nécessité cosmique à laquelle toute créature s'inscrivant dans l'espace-temps est vouée. Elle devient alors l'occasion offerte de gagner la Libération. La chance, en quelque sorte, d'atteindre au Bonheur suprême. En effet, si l'homme ne souffrait pas, il se complairait dans une existence, heureuse peut-être, mais médiocrement heureuse. Il serait voué à ne jamais accéder au vrai Bonheur, Ananda, la Félicité. Il serait un peu comme les dieux du panthéon hindou, qui, surprenamment, n'y peuvent prétendre.

Paradoxalement, c'est donc grâce à cette ignorance (avidya), source de douleur et du karma, que peut être conquis l'ultime affranchissement et, partant, l'annulation des forces karmiques qui nous contraignent à revenir dans ce monde de malheurs.
En d'autres termes, plus nous souffrons, plus le désir de nous "libérer" s'accroît.
Insistons sur la nature de cette "ignorance" : c'est l'illusion fondamentale et aliénante dans laquelle nous vivons et par laquelle  nous confondons ce que nous appelons le "réel" (qui inclut notre propre mental : pensées, sensations, sentiments) avec la vraie Réalité (souvent nommée : le Soi, comprendre : l'Absolu, le Divin, la Transcendance, etc.) Nous identifiant à ce qui n'est pas "réel", prenant des vessies pour des lanternes en quelque sorte ; inévitablement, nous sommes sans cesse victimes de douloureuses désillusions.

Adhérer à cette conception ne peut qu'inciter à considérer comme "utile" le fait de souffrir : sans la souffrance, nous n'aurions aucun désir d'échapper au tragique de notre condition d'êtres incarnés.

Cette manière d'envisager notre destinée ne peut être, comme on l'entend si souvent, considérée comme pessimiste puisque le "salut" est à portée de qui veut cesser de souffrir, à qui veut ne plus revenir sur cette terre, se réincarner.

L'illusion dans laquelle nous sommes plongés (avidya) étant d'ordre métaphysique, c'est par une démarche d'ordre métaphysique que celle-ci sera annulée. Que ce soit par la Connaissance (comme le propose le Sâmkhya) ou par une praxis (yoga).

Plutôt que de sombrer dans la déréliction ou de se répandre stérilement en récriminations contre le malheur du monde – et, en particulier, le nôtre ! – les hindouistes ont la possibilité d'agir, d'engager un processus de "guérison", de mettre fin aux illusions qui pourrissent la vie. Cela ne vaut-il pas mieux que les sempiternelles jérémiades qui sont perte de temps, d'énergie et… ne font rien avancer ?

                                                                                               GD                                                                                                                                 




[1] Cf. Baudelaire :
"Soyez béni mon Dieu, qui donnez la souffrance
Comme un divin remède à nos impuretés"
[2] Lorsqu'il dit à propos de l'aveugle-né: "qui a péché ou qui a fait le mal, lui ou ses parents ? Ni lui ni ses parents" (Evangile selon Jean 9, 2-3), et, de la tour de Siloé : "... et ces dix-huit personnes sur lesquelles est tombée la tour de Siloé et qu'elle a tuées, pensez-vous qu'elles étaient plus coupables que les autres habitants de Jérusalem ?" (Evangile selon Luc 13, 4).
[3] Non pas ignorance intellectuelle mais métaphysique : nous "ignorons" quelle est notre véritable nature…

dimanche 20 janvier 2013

YOGA : POSTURES A RISQUES

Le yoga (hatha-yoga) assouplit et fortifie le corps. Il peut aussi le "déglinguer" !


Quelques précautions à prendre surtout si on pratique seul...




Dès lors que les yama (en particulier ahimsa et satya) et niyama de Patanjali (voir fiches explicatives dans ce blog) sont scrupuleusement respectés, le pratiquant de yoga est à l'abri de tout danger et le sujet de notre exposé est clos. Seulement le professeur doit compter avec des élèves dont la bonne volonté à priori réelle ne suffit pas à le garantir de la difficulté qu'il éprouve lorsqu'il doit apprécier par lui-même si la posture adoptée est correcte. Je peux très bien être vrai avec moi-même, non violent avec mon corps et pourtant, faute d'une connaissance suffisante de mon anatomie, commettre des erreurs aux conséquences funestes.
Le professeur est là pour donner des conseils, observer les élèves, leur demander de corriger telle ou telle posture. Cela suppose de sa part une grande connaissance de lui-même et aussi de certains principes anatomiques et physiologiques.

1/ Généralités : postures correctes et incorrectes

Une posture est physiquement correcte ou incorrecte. Dans ce dernier cas elle est toujours sanctionnée par des conséquences physiques.

Lorsqu'une posture est correcte, aucun stress n'est exercé sur les articulations. La mobilité optimale est alors assurée et un sentiment de bien-être, de fermeté et de confiance en soi est garanti.

Lorsqu'une posture est incorrecte, même si aucun signal (douleur plus ou moins  fulgurante) ne se produit, il résulte un déséquilibre de la flexibilité, une diminution de l'endurance, la crispation de certains muscles (et la sous-utilisation de certains autres), une surcharge sur certaines articulations… Une posture mal prise crée des compensations entraînant des malaises qui vont de la simple courbature à la fatigue croissante et, peut-être, à une difficulté chronique.

Il est donc essentiel que toute posture soit prise de façon juste. Cet "ajustement" n'est pas tant imposé par la volonté que par l'attention veillant à tout mettre en place au cœur même d'un laisser faire dans lequel le corps trouve son équilibre. Une harmonie peut alors s'établir entre les diverses parties du corps et de ses fonctions (par exemple la respiration). Le terme de yoga - ce qui relie - trouve aussi son sens sur ce plan…

Des postures mal prises vont à l'encontre du but anatomique et physiologique recherché : l'harmonie entre les muscles et leurs antagonistes, leur enveloppe fasciale et leur environnement (organes, vaisseaux sanguins, artères, lymphe).

Pratique adaptée et régulière du yoga
Pratique inadaptée du yoga
Augmentation de la puissance musculaire du cœur
Courbatures (apparaissent après 12 heures)
Ralentissement du pouls au repos (économie d'énergie)
Crampes en cours d'effort (résolues par étirement)
Meilleure circulation du sang artériel
Élongations : étirement passif du muscle (douleur après 3 ou 10 jours !)
Meilleure oxygénation des muscles et organes
Déchirure (rare, en yoga) : rupture de la fibre musculaire + ou - importante
Accroissement de la force
Douleurs vertébrales (souvent lombaires, cervicales)
Ligaments des articulations plus solides
Diverses douleurs articulaires (genoux : fréquent !)
Augmentation de la souplesse

Amélioration de la sensation de bien-être



2/ De la nécessaire salutation au soleil !
… ou de tous autres mouvements d'échauffement.

Lorsqu'un sportif s'apprête à fournir un effort violent il doit absolument s'échauffer. Un cours de yoga n'est pas à mettre sur le même plan qu'un match de foot, certes, mais certaines postures - surtout si elles sont prises avec une tonicité certaine - peuvent douloureusement surprendre sans échauffement préalable.

Rappelons quelques données physiologiques utiles à connaître…
Au repos, un muscle a une température de 36°. Son rendement maximum se situe à 39°.
Cette température augmente sa souplesse de 80%.
L'échauffement augmente également l'élasticité des tendons, multiplie par 15 le débit d'oxygène sanguin, intensifie l'activité enzymatique (donc des réactions métaboliques associées aux systèmes producteurs d'énergie).
A l'échauffement, le débit sanguin des muscles utilise 80 à 85 % du débit cardiaque (15 % au repos)
Quant au système nerveux, il atteint son fonctionnement optimum entre 38° et 39°.
Grâce à l'échauffement, le cours sera donc moins fatiguant, les traumatismes musculaires et articulaires seront évités, le "travail" sera plus efficace et plus précis, l'attention et les perceptions de type proprioceptif plus élevées.
Il faut savoir que si l'on pratique une longue pause en savasâna après une salutation au soleil, la chaleur accumulée par l'exercice (38° ou 38,5°) va baisser. Cet abaissement de la température du corps est de 30% supérieure en position allongée par rapport à la position debout (perte par convection). Il convient donc de ne pas laisser s'écouler plus de 15 minutes entre l'échauffement et le "travail".

3/ La colonne vertébrale

Attention à la rétroversion !
Quelle est la posture "normale" de la colonne vertébrale ? La notion de normalité pose évidemment problème. Dans la plupart des pays occidentaux la "norme" est… le mal de dos. Nous ne passerons pas en revue les causes multiples. En revanche il a été constaté dans certains pays où les charges sont portées sur la tête (encore au Portugal, en Inde, en Afrique évidemment), où un certain nombre d'activités se font au sol, comme la cuisine…(en Inde), la bascule du bassin en antéversion favorise une bonne mise en place des différents segments vertébraux, là où les lombaires et les dorsales des gens qui travaillent à un bureau (pour ne citer qu'eux) souffrent.
La cambrure lombaire, si elle n'est pas excessive,  joue le rôle d'amortisseur.
La rétroversion du bassin, elle, écarte les apophyses postérieures des vertèbres lombaires, rapproche les corps vertébraux - posture contre-nature - et provoque une lordose dorsale qui, installée, est douloureuse. C'est la position qu'impose par exemple un lavabo trop bas.

Etirer pour détendre
Il convient autant que possible d'étirer la CV donc de "détasser" les vertèbres, de "mettre de l'espace" entre les corps vertébraux afin de permettre aux disques de retrouver leur place, leur espace, d'échapper aux contraintes auxquelles ils sont soumis presque continuellement dans la journée.
L'étirement sera le plus possible symétrique et général.

Respirer aide la détente
La respiration intervient sur l'étirement de la CV en ajustant le système osseux.
C'est l'inspiration qui joue le premier rôle dans cette remise en place. Observons ce qu'il se passe quand nous inspirons profondément :
- le mouvement du diaphragme permet un élargissement de la cage thoracique. Les dorsales se décollent et sont hissées.
-  Si, comme c'est fréquemment le cas, cela se bloque au niveau de la 8ème dorsale (un "creux" se forme), un bâillement fait disparaître le "creux" - c'est-à-dire que la vertèbre qui se situe à la cambrure se remet en place (on le sent nettement : le bâillement crée dans le dos une impression d'hyper cyphose !). Le reste suit dès que le passage est ouvert.
-   L'espace sternum-pubis augmente.

Respirer sans crisper le ventre, dans la détente, c'est donc s'étirer et, particulièrement, étirer le dos.

4/ Quelques postures qui peuvent être "dangereuses"…
Il va presque de soi (cf. introduction) que si une posture est bien prise, elle est non seulement sans danger mais, en plus, bénéfique. A contrario, si elle est mal prise, non seulement elle n'est pas bénéfique mais elle devient nocive. Que penser du yoga si ses effets induisent de la souffrance et s'avère nuisible pour le corps (et, à fortiori, pour l'esprit) ?

1/ Malâsana

En Inde, les fesses d'une personne accroupie touchent les talons (le centre de gravité est donc très bas). Le volume musculaire est différent et l'articulation coxo-fémorale plus souple, le résultat étant que le bassin se place plus facilement entre les fémurs. Cette posture est alors une posture de repos.
En Europe il en va tout différemment et, dans cette posture d'accroupissement, le rachis lombaire, se place en cyphose pour rétablir l'équilibre. Il fournit donc un gros effort… qui peut être néfaste si la posture est prise trop longtemps par un pratiquant qui n'a pas travaillé la bonne position du bassin. Si on force, le poids du corps, en porte à faux, oblige à trop ouvrir la pointe des pieds et incite les voûtes plantaires à s'affaisser.
La solution consiste à surélever les talons. Ainsi la bonne position sera rétablie et les progrès seront possibles.

2/ Triang mukhaikapâda pascimottânâsana

Les 2 ischions doivent être également posés sur le sol (même pression), et vers l'avant. Le poids du corps doit tomber perpendiculairement à l'aplomb du pubis. Veiller à la symétrie du bassin.  Si ce n'est pas le cas placer un support sous la fesse un peu levée. Si la coxo fémorale n'a pas assez de souplesse (donc d'amplitude), utiliser une sangle pieds-mains.

3/ Janu sirsâsana

La jambe fléchie doit être posée sur la crête tibiale ; le poids du corps à l'avant des ischions : le rachis lombaire étiré.
Or, souvent : le poids est à l'arrière des ischions ; la cheville est posée sur la malléole externe (le pied est donc en supination - pas bon) ; le bassin est de biais alors qu'il doit être face à la jambe comme tout le reste, dans l'axe médian du corps.
Si le rachis lombaire est cyphosé on risque des distensions ligamentaires et, au bout d'une année de pratique régulière, des lombalgies.
Il faut donc surélever les fesses.

4/ Kurmâsana

Même risques que ci-dessus (surtout rachis lombaire)

5/ Uttanâsana

Danger de glissement discal par cyphose lombaire, de lombalgie, voire de sciatique.
Si bassin pas assez souple : écarter les pieds pour le placer entre les fémurs. Viser à garder le dos plat et en extension.

6/ Pascimottanâsana

Même danger pour les lombaires si le dos est rond. Donc siège sous les fesses et sangles mains-pieds (bonne posture pour les femmes enceintes) : amener le bassin en anteversion, garder le dos droit.
Idem pour Upavistha konâsana (siège + sangles) et Baddha konâsana (siège)

7/ Adho mukha svânâsana

Danger si creux au niveau des dorsales et cyphose du rachis lombaire.
Il convient de faire opérer une rotation des têtes humérales sinon le rachis cervical bloque le haut du rachis dorsal et le jeu des omoplates.
La posture doit être relaxée. Pour cela, s'il le faut, fléchir les genoux.

8/ Ustrâsana

Ne pas revenir par torsion.
L'aine doit être "ouverte" ; les chevilles pas en supination ; le poids pas à l'extérieur des genoux. Attention aux D4, D8, D12 et L5. Pas de poids sur les pieds. Rachis en extension et rotation en anteversion du bassin.
De manière générale ces postures de flexion arrière doivent être considérées comme des extensions (étirements dans l'axe du rachis).

9/ Ûrdhva mukha svânâsana

Le thorax doit être ouvert au maximum. Le pubis devrait se placer entre les deux poignets.
Utiliser, au début, 2 tabourets.

10/ Setu bandha sarvangâsana

Ne pas "casser" la taille (donc ligne horizontale entre le pubis et le sternum).
Poids dans les pieds et pas trop dans les poignets. Reposer sur la pointe des épaules. Rotation du bassin autour des têtes fémorales.
Possible de s'aider de supports sous de dos et les jambes.

11/ Ardha matsyendrâsana

Pas de flexion latérale ; pas de pli sur le côté du ventre ; épaules à la même hauteur ; tout doit rester rectiligne. Assise à l'avant des ischions (sinon : couverture sous fesse). Le fémur doit être perpendiculaire et le thorax ouvert (distance pubis-sternum au maximum).

12/ Sarvangâsana

Danger pour les lombaires (hyper lordose), les dorsales (cyphose) et les cervicales (pression forte).
Poids sur les épaules plus que sur le cou ; les malléoles externes des chevilles doivent être à l'aplomb des aisselles.
Placer couverture pliée sous les épaules.

13/ Vîrabhadrâsana

Bassin face, bien d'aplomb (ventre face) ; Les 2 côtés de la CV doivent être parallèles (symétriques) ; le dos étiré ; les mains jointes, à la même hauteur ; les trapèzes relaxés.
Si difficultés : fléchir la jambe arrière et fléchir les orteils

14/ Padmâsana

Cuisses vers l'avant ; deux genoux au sol ; cheville bien posées.
Assise sur coussin. Lombaires par sur cambrées. Dorsales souples (légère voûte). Dos étiré par l'effet de la respiration. Le bassin "tombe" sur les cuisses.

N.B.
N'ont pas été envisagées ici les postures pouvant être dangereuses par rapport à telle ou telle affection de santé particulière. Ce qui a été vu concerne donc un sujet en bon état physique

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