Le terme d'Upanishad signifie : "enseignement donné dans l'intimité" ou "enseignement qui détruit l'ignorance"
Nous nous arrêterons à trois d'entre elles, considérées comme majeures (dans les articles 2, 3 et 4). Pour l'instant, abordons quelques points-clés permettant de mieux entrer dans ces textes fondateurs de l'Hindouisme.
Les Upanishad se rattachent à la
Shruti (= "révélation", textes d'origine divine transmis à des êtres
privilégiés), comme les Veda, les Brâhmana et les Âranyaka. On en compte plus
de 200 (certains auteurs disent : plus de 400) dont une vingtaine dites
"majeures" : Chandogya, Brihâdaranyaka, Mundaka, Mandukya, Kena,
Katha, Isha, Prashna, Aitareya, Taittiriya, etc.
Les Upanishad constituent
l'épilogue, la dernière partie du Veda dont elles mettent en lumière les aspects essentiels. Elles en sont en
quelques sorte le couronnement.
Elles ont été composées avant
notre ère (les premières datations les situaient aux environs de 600 avant J.C.
Actuellement on les repousse aux environs de 1200 voire1500 avant J.C.). Ce qui
est certain c'est qu'elles ont été écrites à des époques très différentes. On
en trouve même certaines datées des XIX et XXè siècles !
Les indianistes les ont réparties
en quatre groupes. Les trois que nous avons retenues appartiennent au 2ème
groupe (Isha et Mundaka), la Kena marquant la transition entre le 1er
et le 2ème groupe. Elles sont donc toutes trois anciennes.
Le terme d'Upanishad signifie :
"enseignement donné dans l'intimité" ou "enseignement qui
détruit l'ignorance" (Swâmi Nityabodânanda). Dans tous les cas il s'agit
de textes transmis au disciple par le Maître, le Guru, comme se transmet une
réalité ultime qui met en situation d'éveil. Cela va donc au-delà d'un
"cours", d'un enseignement de type purement intellectuel. C'est
pourquoi le lecteur non éclairé, à plus forte raison non "illuminé"
ne peut en saisir pleinement la fibre profonde. Nous pouvons certes en faire
une lecture "intuitive" en nous laissant porter par les images
teintées parfois d'une intense poésie, en nous laissant aller à ce que suggère
le texte. Cela n'empêche pas par ailleurs d'en faire une lecture raisonnée et
attentive. Elles offrent en effet de quoi réfléchir et de quoi comprendre mieux
la civilisation indienne et ses conceptions métaphysiques encore très actuelles.
Nous découvrons ainsi que c'est dans les Upanishad
(dans la Brihadâranyaka par exemple) qu'apparaît la notion de karman (acte
entraînant la renaissance des âmes).
Surtout, elles approfondissent la
notion de Brahman (déjà posée dans les Brâhmana) et celle d'Âtman, notions
centrales sur lesquelles nous nous arrêterons (voir aussi sur notre blog les articles centrés sur ces notions). Disons pour l'instant que la
nature et l'identité Brahman-Âtman
constituent le centre irradiant
des Upanishad.
Nous remarquerons que, faute d'un
vocabulaire philosophique précis, les Upanishad suggèrent les diverses
conceptions par la voie de métaphores, d'images qui permettent d'arriver au
sens par l'intuition mais qui posent également des problèmes d'interprétation
aux exégètes. Par exemple la Svetâsvatara Upanishad, pour nous faire comprendre
l'action du brahman produisant le monde, prend l'image de l'araignée sécrétant
sa toile. Or, suivant l'analyse qu'on peut faire de cette image, on peut être
conduit au système Sâmkhya (dualiste) comme au Vedanta (moniste). D'autres
peuvent être lues comme étant rattachées au Sâmkhya ou au bouddhisme (la Maitri
Upanishad, par exemple).
Cela démontre que les Upanishad
ne cherchent pas à développer ou à imposer un système de pensée unique comme
c'est le cas pour la plupart des dogmes religieux. N'en déduisons pas qu'elles
se contredisent. Si les enseignements contenus diffèrent, on y perçoit
clairement une continuité, une
inspiration et une aspiration communes. Les points de vue changent, mais non
l'essence même de ce qui est considéré.
Autre différence avec la
Révélation de type évangélique : ces textes ne sont pas le fruit d'un message
délivré pas un Dieu incarné. A l'époque des Upanishad anciennes en tout cas,
cette croyance n'est pas née : la croissance individuelle est considérée comme
la croissance à laquelle participent plusieurs individus et non un
"messie" ou un "prophète". Les Maîtres qui les ont
transmises étaient certes des êtres éclairés, des "voyants" mais ne
revendiquaient aucun titre : seules comptaient les paroles délivrées. Celles-ci
n'étant pas figées dans un espace-temps précis, elle en acquièrent une portée
universelle et éternelle. Les auteurs des Upanishad sont restés dans l'ombre :
la réalité de leur enseignement n'en brille que davantage. Cela n'empêche pas
que nous soient rapportés des dialogues entre le maître et le disciple ; mais
l'un et l'autre nous demeurent anonymes. Seul importe le contenu de leur
échange.
C'est ce contenu que nous
tenterons de décrypter, pour trois Upanishad majeures : l'Isha, la Kena et la
Mundaka.
La traduction à laquelle nous nous référerons est celle revue par J.
Herbert et contenue dans Trois Upanishad
de Shrî Aurobindo, éditée chez Albin
Michel, collection Spritualités vivantes.
Notre but n'est pas de reprendre les commentaires
inspirés apportés par Shrî Aurobindo. Pour chaque Upanishad nous dégagerons
aussi clairement que possible les idées contenues, puis examinerons la portée
qu'elles peuvent exercer dans notre vie. Car ces textes ne sont pas fossilisés
mais contiennent une connaissance dont le but est la transformation du lecteur.
Ils sont donc encore bien vivants.
G D
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