LES YOGA SÛTRA DE PATANJALI : UNE RÉFÉRENCE FONDAMENTALE
Cet écrit de référence contient les clefs permettant d'accéder au seul vrai bonheur possible
Parmi les écrits sur le yoga, les "aphorismes"
(sûtra) de Patanjali constituent le
premier texte à exposer complètement ce qu'est le yoga "classique".
Patanjali en est l'auteur mais nous ne savons pratiquement
rien sur lui sinon qu'il s'agissait d'un être inspiré ayant vécu entre le 2ème
siècle avant J.-C. et, peut-être, le… 4ème siècle après J.-C. !
Cet ouvrage n'est pas long. Pourtant la plupart des
questions psychologiques, philosophiques, métaphysiques qui nous préoccupent
sont abordées. Il ne développe pas, ne commente ni n'analyse mais propose des
affirmations - comme le ferait un aide-mémoire destiné à permettre de retenir
par cœur un enseignement ayant été préalablement transmis par oral. Le traité
est théiste et postule l'existence d'un dieu suprême (Ishvara) mais il n'a rien à voir avec un ouvrage de type
"religieux" faisant appel à une forme quelconque de "foi".
Tout repose sur l'expérience.
Les différents aphorismes (195 en tout) sont regroupés
en quatre chapitres :
- Samahdi-pada :
Traite de l'état de méditation – ou de "contemplation". Il
définit le yoga, mentionne les obstacles et les moyens de les lever.
- Sadhana-pada : Traite de la démarche à suivre,
des buts, des tourments à vaincre et
propose une progression en huit étapes ainsi que les postures et les
exercices de respiration (prânâyâma)
fondamentaux.
- Vibhuti-pada : Traite de la transformation de
l'être que permet le yoga et énumère les "pouvoirs" qu'il permet
d'acquérir.
- Kaivalya-pada : Traite du rôle que joue le mental
sur la voie de la Libération – de la "sérénité" dont il définit la
nature. Ce chapitre pourrait être un ajout tardif.
A qui découvrirait les Yoga sûtra, il est important de dire qu'une lecture superficielle
ne peut permettre d'intégrer l'essentiel de leur enseignement. Il ne s'agit
aucunement d'un livre de cuisine contenant des recettes à suivre à la lettre
pour réussir un bon plat… Rappelons qu'ils appartiennent à la tradition orale
et que seule leur transmission par un maître éclairé, puis le développement des
aphorismes, leur approfondissement, permet d'en extraire la substance.
Sans l'expérience, le yoga ne peut que rester
lettre morte. Nous pouvons certes, apprécier intellectuellement le contenu d'un
tel texte, mais seule sa mise en pratique permet de l'intégrer et de commencer
en soi-même la transformation individuelle qu'il propose.
Les
orientations essentielles de ce traité.
Le propre de l'expérience humaine est d'engendrer
la souffrance – ce qui est finalement une donnée positive puisqu'elle ne peut
que nous inciter à conquérir la libération. L'homme possède en effet la
capacité de dépasser sa condition misérable résultant de forces karmiques. Son erreur
consiste à prendre des vessies pour des lanternes. En d'autres termes il est
métaphysiquement ignorant : les expériences qu'il traverse, il les considère
comme étant par essence l'absolue réalité. C'est dire qu'il confond les
phénomènes (comme un deuil, un sentiment de tristesse, d'injustice, etc.) avec
la seule vraie Réalité (qu'on
l'appelle : Soi, Brahman, Atman, Esprit, Absolu, Divin…).
Imaginons que depuis des milliers d'années le ciel
soit recouvert de nuages masquant le soleil. Nous serions prêts à jurer que la
réalité ultime du ciel se limite à cette chape cotonneuse. Les nuages qui
masquent le soleil, ce sont nos états d'âme, nos émotions, nos préjugés, nos
convictions, nos mémoires, nos intérêts immédiats, bref, ce qui constitue notre
ego. Là est l' "ignorance" que toute la démarche du yoga consiste à
lever. Là est aussi la difficulté : il ne s'agit pas de comprendre
intellectuellement que je suis ignorant pour ne plus l'être essentiellement !
En effet, à quoi bon savoir que mon désespoir face à un deuil, par exemple, est
la manifestation d'une mauvaise vision de la Réalité puisque je souffre
toujours autant ! Or la pratique du yoga permet l'indispensable révolution
intérieure qui permet d'échapper à ce qui n'est pas une fatalité (= cette
perception erronée qui crée la souffrance sous toutes ses formes). Un être
"libéré" ne ressent plus la souffrance ; il est débarrassé à jamais
des états de conscience auxquels les gens "ordinaires" sont soumis.
La "délivrance" vécue, acquise, est la mise à mort de toute
confusion. Comme le dit Patanjali, notre activité psycho-mentale nous fait
considérer la Réalité comme étant éphémère, impure, douloureuse, alors qu'elle
est par essence tout le contraire de cela. Notre vraie Nature est de l'ordre de
cette Réalité par essence éternelle, pure béatitude, mais elle nous est masquée.
Encore faut-il "réaliser" cela… Les Yoga sûtra, après avoir analysé ce qui fausse notre perception de
la vie, nous montrent la voie à suivre pour mettre fin à cette erreur, ils nous
expliquent comment ôter ces lunettes qui déforment tout, comment voir enfin ce
qui EST.
Le yoga, dit très vite Patanjali, consiste à faire cesser les fluctuations du mental, à
créer un espace intérieur désencombré de nos représentations subjectives, de
l'agitation, du désordre, de la confusion, des contradictions incessantes qui
nous malmènent. Il s'agit pour nous de commencer à voir ce qui "est absolument".
La première étape exige de prendre conscience que ce n'est pas le cas. L'auteur
des aphorismes recense donc les mécanismes psychiques qui sont facteurs
d'erreur : sentiment de l'individualité, attachement, instinct vital et peurs
qui nous ligotent aux illusions… Il rend d'abord visibles les chaînes dont il
s'agira ensuite de se débarrasser.
On s'en doute : il ne suffit pas de vouloir se débarrasser de ces chaînes :
seule une pratique assidue, intense,
du corps et de l'esprit (interdépendants), permettra de modifier notre mode
d'existence, notre perception de ce qu'est réellement notre Nature profonde. Ce
regard neuf, ce nouveau ressenti nous permettra alors de vivre sur un mode de
conscience complètement différent et
libéré de toute illusion. Nous serons alors devenus
ce que nous sommes : des êtres libres et fondamentalement heureux.
G D
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