L'Hindouisme 1 - Origines et dieux
ORIGINES
L'hindouisme
est un agrégat de tendances et de philosophies, nommées sous le terme général -
"hindouisme" - au XIXè s. Des croyances diverses en font partie : jaïnisme,
bouddhisme… et tous les cultes voués à diverses divinités.
Cette "religion" est née vers 2000 avant
J.-C.
Elle compte environ 700 millions de fidèles dans le
monde, surtout en Asie du Sud-Est.
TEXTES
FONDATEURS
Les premiers textes fondateurs sont les Veda (environ XII - X s. avant J.-C.)
Ils constituent 4 ouvrages, écrits en ancien sanskrit par des rishi (à qui ils ont été inspirés par les Divinités). Ces 4 Veda (Rig-Veda, Yajur-Veda, Sâma-Veda et Atharva-Veda) sont à l'origine de
toutes les traditions religieuses de l'Inde. Ils jouent donc le rôle qu'ont eu
la Bible et le Nouveau Testament dans les civilisations européennes.
Commentés par les brahmanes ils ont donné naissance à d'autres textes dont les plus
connus sont les Upanishad, écrites à toutes les époques - y compris les
plus récentes - et les Lois de Manu exposant
les principe des castes (moins cloisonnées : mariages possibles entres castes)
et la loi de la réincarnation.
On parle alors de brâhmanisme, forme de védisme "récent" (500 avant J.-C.)
De grandes épopées, rédigées
"tardivement", écrites en vers, racontent la vie des dieux et
expliquent les origines du monde. Deux épopées dominent.
Le Mahâbhârata (2ème - 6ème
s. ?) : raconte en 18 livres et 200 000 vers la lutte entre deux familles
princières : les cent Kaurava et
leurs cousins, les cinq frères Pândava.
Le dieu Krishna va aider les Pândava.
Au cours du récit, Krishna (avatar
de Vishnu) transmet son enseignement
à Arjuna dans un long poème, la Bhagavad-Gîtâ, que tout Indien
connaît (comme un chrétien connaît le Nouveau Testament). Les enseignements
contenus dans ce texte comptent parmi les plus grands chefs-d'œuvre de la
littérature philosophique et ont influencé les penseurs européens du XIXè s.
Le Râmâyana, grande histoire de guerre
et d'amour entre Râma (avatar de Vishnu) et son épouse Sîtâ. Cette "chanson de
geste" assortie de légendes, inspira écrivains anciens et modernes de
toute l'Asie du Sud-Est.
DIEU - LES
DIEUX
S'il y a plusieurs milliers de dieux dans
l'hindouisme ils sont tous les représentations d'un Dieu unique, inconnaissable, qui existe avant toute chose, se
trouve partout et régit l'univers. Ce Dieu unique
("Un-sans-second") est désigné dans les textes métaphysiques comme
étant le Brahman[1]
(dont nous reparlerons plus loin). De ce point de vue on est en droit de parler
de monothéisme.
La plupart des Indiens adorent un des trois grands
dieux (formant une "trinité" : trimûrti)
qui représentent le brahman :
-
Brahmâ : le Créateur, normalement
représenté avec 4 têtes (ou 3) et 4 bras Il tient un chapelet, un vase à bec et
les 4 livres des veda. Il aurait surgi d'une fleur de lotus, poussée du nombril
de Vishnu. Son animal support est une oie (ou un cygne). Sa shakti
("épouse" - c'est-à-dire énergie active) est Sarasvati. Sa couleur est le rouge. Peu de temples lui sont dédiés.
-
Vishnu :
le Conservateur qui fait évoluer la création. Représente la cause interne de
l'existence. On lui donne 1000 noms. Sa shakti est Lakshmî (qui a d'autres noms). Son animal support est Garuda (sorte de vautour fabuleux). En
attendant chaque nouvelle création (kalpa), il se repose, couché sur Ananta le
serpent à 1000 têtes, lui-même flottant sur les eaux primordiales qui sont
l'image de l'éternité. Au cours de chaque création, il prend de nombreuses
apparences (avatâra), s'oppose parfois à Shiva et retarde une nouvelle
destruction de la création, lui infusant une énergie "passive" qui
permet au monde de survivre. Le plus célèbre de ses avatâra est Krishna (héros
de la Bhagavad-Gîtâ. Représenté en principe avec 4 bras et 4 objets symboles : un
chakra (disque solaire : la pensée), une massue (= l'intelligence), une conque
(= les 5 éléments), une fleur de lotus (= pureté, divinité). Le plus vénéré
(sous ses différents noms, y compris celui de Mohinî, sa forme féminine unie à
Shiva).
-
Shiva :
le Destructeur (mais considéré parfois comme créateur par les sectes shivaïtes,
symbolisant la vie comme "consommatrice" - donc liée à la mort. La
vie (et le temps) brûle tout mais assure la régénération (Il faut détruire pour
créer). Il est amour et se trouve souvent symbolisé par le lingam (sexe
masculin). Souvent identifié avec Kâla, le temps destructeur. Sous la forme de Nâtarâja, "roi de la danse",
il danse la création et la destruction du monde phénoménal, écrasant sous son
pied le nain difforme Mûlayaka, symbolisant soit le monde phénoménal, soit les
passions mauvaises de l'homme. Ses signes distinctifs sont le trident, la
flamme, le croissant de lune (dans sa chevelure), des crânes, une hache
magique, les flots du Gange (qu'il aurait amortis dans ses cheveux alors qu'ils
tombaient des cieux), une peau de tigre dont il drape ses hanches et une
antilope. Son animal support est le taureau Nandin (symbole des forces terrestres). On le représente souvent
avec un troisième œil sur le front, symbolisant la Connaissance parfaite, et
avec un chignon (car il est le parfait yogin). Il est célébré sous un grand
nombre de formes : Rudra (le
terrible, incarnant la puissance du feu), Bhava (l'eau), Sharva (terre), Ugra
(vent), Mahâdeva (lune)… Chacun de ses aspects est accompagné par un nombre de
bras qui varie suivant ses pouvoirs. Son épouse est Pârvati, dont il eut au moins deux fils : Ganesha (très adoré en Inde) et Subrâhmanya. Pârvati apparaît aussi
sous forme de Kâlî (= la Noire) et
son collier de crânes. Représenté parfois sous forme mixte soit avec sa shakti,
soit avec Vishnu. Il peut se montrer sous un jour aimable ou effrayant (hante
parfois les cimetières).
Il faut évoquer aussi l'existence d'êtres célestes
comme des démons (asura), des génies, des serpents (Nâga), des monstres,
d'êtres nocturnes, de vampires, d'ogres, de fantômes…
Certains hommes sont considérés comme des divinités
: ce sont les sages de l'antiquité auxquels ont été transmis les Veda. Ce sont
les rishi.
Pour les hindous il n'y a pas de réelle frontière
entre le quotidien et une légende
enrichie de croyances animistes qui, selon les régions, font une large place
aux génies du sol et des eaux, aux divinités des calamités et à certains
animaux (serpents, singes, paons…)
Les cultes (puja) pratiqués sont innombrables. Tous consistent
à maintenir le contact entre les entités supérieures et le monde présent afin
de conserver le bon ordre cosmique.
DEVELOPPEMENT
HISTORIQUE DE L'HINDOUISME
- Diversité
: A partir de l'époque "post-épique", vers le IIè s. jusqu'à
l'arrivée des musulmans en Inde (fin XIIè s.) l'hindouisme se répand dans tout
le continent et "colore" l'ancien brâhmanisme. On oublie la plupart
des divinités védiques pour donner la prééminence à Vishnu et Shiva.
Au fil du temps les cultes divers se multiplient
comme le Shaktisme (doctrine dévotionnelle). Des textes philosophiques
shivaïtes ou vishnuïtes sont écrits (Âgama et Samhitâ - "traditions"
et "recueils"). Le tantrisme (Vè s.) apparaît dans l'ouest et gagne
le Népal et le Tibet.
- Points
communs : des penseurs tentent de concilier les différentes tendances en
affirmant l'identité fondamentale du Brahman et des âmes individuelles (jîva),
en identifiant le Brahman à l'Âtman (âme cosmique que chacun possède en soi –
cf. fiches 4). La voie du salut doit être celle de l'union entre les âmes
individuelles et le Brahman, possible en "réalisant" celui-ci en
soi-même. Les yoga permettent
d'accéder à cette "réalisation" qui, mettant fin au karma (conséquences des actes) met
également fin au samsâra
(réincarnation).
Le Vedanta
(VIII - IXè s.) de Shankarâchârya (voir Advaita-Vedânta, fiches 4) permet à
l'hindouisme de trouver son unité : il revient aux enseignements des Veda et
crée des communautés religieuses.
A l'époque moderne, Râmakrishna et son disciple Vivekânanda
renouvellent son enseignement. Puis Râmâna
Mahârshî (1897-1951), Shrî Aurobindo
(1872-1950), Krishnamûrtî…
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