Le yoga : des origines à nos jours
L'histoire du yoga va de pair avec la spiritualité indienne.
Ses techniques ont été adoptées par tous les courants religieux du continent.
C'est dire que prétendre définir absolument
le mot est impossible. De plus, le sens a varié non seulement d'une
tradition à l'autre mais également d'un siècle à l'autre. On pourrait dire,
avec Mircea Eliade, qu'il y a un yoga "classique" (celui de Patañjali), un yoga "populaire", un
ascétique, un érotique, un magique, etc.
Les premiers yoga[1] :
C'est dans les Veda que le mot "yoga" désigne
"l'effort méthodique, quel que soit le champ de son application"[2].
Très vite, son sens sera celui qu'il a encore actuellement.
1/ LES POINTS COMMUNS
: METTRE UN TERME A LA SOUFFRANCE ?
Tous les yoga supposent cependant l'établissement d'un lien, la plupart du temps entre l'âme
humaine et le divin par l'"union mystique".
Cette "unio mystica" n'est possible que si,
préalablement, un autre lien (celui de l'individu au monde) s'est dénoué. Il
convient de se détacher des intérêts exclusivement matériels, de s'en émanciper,
afin d'établir librement un autre type de rapport autrement plus subtil puisque
de nature spirituelle.
Yoga. L'origine du terme est bien connue : sanskrit Yuj – l'attelage
(du char d'Indra ou de Sûrya, le soleil), par extension le joug (yoke en
anglais). L'idée est donc celle d'une ré-union : tenir étroitement réuni.
Mettre des chevaux (yukta) au joug,
c'était empêcher leur séparation, la dispersion, le retour à des automatismes
quelque peu anarchiques. Il ne faudrait pas pousser la comparaison trop loin
mais en ce qui concerne l'être humain, toute liberté n'est pas celle que l'on
croit ! Il existe une pseudo liberté, celle
qui se vit dans le laisser-aller, l'absence de toute orientation, une liberté
du moindre effort qui aboutit à l'avachissement de toute la personne. De ce
point de vue, en dehors de sa connotation de jonction, de réunion
(horizontale mais surtout verticale), le mot "joug" évoque forcément
une contrainte. En principe celle-ci est perçue négativement ("sous le
joug de…" suppose une domination physiquement ou psychologiquement violente).
Ce ne doit pas être le cas dans le contexte qui nous intéresse ici. Un effort,
une contrainte auxquels on admet de se soumettre ne sont pas destructeurs mais,
au contraire, nous construisent. S'il y a contrainte, il y a souffrance, certes,
mais c'est la souffrance inévitable née d'une rupture : celle de l'inertie,
celle des habitudes et de leur confort. Commencer le yoga suppose cela, mais
librement et joyeusement accepté.
Par ailleurs les métaphysiques indiennes et les yoga –
méthodes diverses allant de l'ascèse à la contemplation – accordent toutes une
importance capitale à la "connaissance", seule capable de mettre fin
à notre "ignorance", source de toutes les souffrances (voir articles du blog)
Il ne s'agit pas là de connaissance ni d'ignorance
intellectuelles.
La misère de notre condition d'humains tient au fait que
nous "ignorons" quelle est la véritable nature de notre
"esprit" : en effet, nous le confondons avec les phénomènes
psycho-mentaux alors que ces derniers ne font que cacher notre véritable nature.
La véritable nature de notre "esprit" est divine, éternelle,
inaccessible aux souffrances. Mais l'ego, le mental, recouvrent tout, leurs
nombreuses manifestations (émotions, peurs, etc.) nous aveuglent, nous trompent
en nous faisant croire que ce que nous éprouvons constitue notre identité.
Il va donc falloir sortir de cette ignorance que seule une
connaissance de type métaphysique (= au-delà de ce qui est d'ordre "
physique", "physiologique", bref, rationnel) peut éliminer. Les
yoga sont donc sensés nous conduire de l'obscurité à la Lumière – à
l'Illumination. Ils vont faire cesser cette confusion par laquelle nous prenons
nos états d'âme pour notre véritable Moi alors qu'ils ne font que le dissimuler
: le véritable Moi, en fait, est le Soi. La "réalisation" (éveil,
etc.) est un "réveil" qui nous fait expérimenter ce Soi que nous
sommes. Nous ne créons donc rien, la "connaissance" ne produit, ne
"fabrique" rien : elle révèle, dé-voile, enlève le voile de la
réalité[3]
. Les yoga sont là pour nous mener à ce dévoilement. Ils nous offrent des
"techniques" diverses.
Le "délivré-vivant" connaît une existence tout à
fait différente de celle d'avant. Ses actes n'engendrent plus de karma, rien ne
peut l'asservir. Il peut tout se permettre car ce n'est plus l'ego qui agit (question : l'éveillé est-il alors un être
potentiellement dangereux ? en effet s'il accomplit un viol, un meurtre, etc.
il ne fabrique plus de karma. La réponse est évidente).
2/ A L'ORIGINE : LE
SÂMKHYA dont PATANJALI tire les
YOGA-SUTRÂ.
Le Sâmkhya est un darshana Un darshana n'est
pas un système philosophique au sens occidental mais un ensemble de points de
vue, d'affirmations formant un tout très cohérent, une conception du monde, en
quelque sorte. Le terme désigne plus particulièrement 6 doctrines de
l'hindouisme traditionnel : Sâmkhya, Yoga, Vaisheshika, Nyaya, Mimamsa,
Vedanta.
Nous entrons ici dans la "philosophie du yoga" que
Patañjali expose dans ses "Yoga-sutrâ" (environ
5ème s).
Patañjali n'est pas l'"inventeur" de la
philosophie yogique. Il le dit lui-même[4]
: il reprend, corrige des contenus doctrinaires préexistants. En particulier la
dialectique du Sâmkhya (système philosophique dit
"athée"), qu'il conduit vers un théisme (en effet, il postule
l'existence d'Ishvara, dieu suprême – sans
d'ailleurs s'y arrêter beaucoup). A cela près les deux points de vue sont
extrêmement proches l'un de l'autre. Mais Patañjali élabore un ouvrage philosophique débouchant sur une méthode pratique, alors que le Sâmkhya est spéculatif et plutôt
"mystique". C'est en tout cas
grâce à Patañjali que le yoga est devenu un
"darshana" – un système
nourri de sa philosophie mais assorti d'une méthode directement exprimée[5].
Le yoga de Patañjali s'approprie le contenu du Sâmkhya mais,
ne croyant pas que la connaissance métaphysique puisse mener l'individu à la
libération, il propose donc des techniques, des méthodes (plus ou moins
ascétiques, incluant la méditation).
Le but du Sâmkhya demeure. C'est aussi celui du yoga :
supprimer la conscience "normale" ("mettre fin aux fluctuations
du mental" [6]– aux
enchaînements de la pensée). Cela suppose une pratique (abhyâsa), une ascèse (tapas).
Ce qui fait l'originalité de cette pratique destinée à mener
à la Libération, est que Patañjali préconise
d'abord une mise en condition du terrain psycho-mental et, oserait-on dire
"moral", avant de passer aux pratiques plus "exotiques" que
l'on attribue au yoga proprement dit. C'est ainsi qu'il établit un préalable
très précis que doit suivre l'adepte avant de prétendre aux exercices qui,
peut-être, conduiront au samâdhi
(Illumination).
Ces étapes préalables sont yama[7]
et niyama. Viennent ensuite les âsana, les prânâyâma,
pratyâhâra (retrait des sens), dhâranâ (concentration), dhyâna
(méditation) et samâdhi. Yama et niyama sont
des préliminaires qui, en soi, n'ont rien de yogique. Il faut les considérer
comme un moyen d'"assainir" le terrain. Ils ne sont surtout pas à
négliger. Certaines pratiques posturales ou respiratoires auront des effets bcp
plus positifs sur les corps subtils si ceux-ci ont été préalablement "nettoyés". Et puis que dire d'un professeur
qui n'observerait aucune prescription morale ?
On pourrait évidemment se demander pourquoi le Soi (pur,
impassible, libre, etc.) a été entraîné dans ce vaste mouvement (ou l'a
entraîné) qui a donné naissance à la vie, la nature, l'homme, son imperfection,
ses souffrances, etc. Et quand ?
A ces deux questions (causes et origines), le Sâmkhya pas plus que le yoga ne répondent : elles
dépassent la capacité de l'entendement humain. L'intellect (buddhi),
bien que très performant, appartient encore à notre "incarnation", à
la matière, à la substance primordiale qui nous constitue (prakrti). Comment pourrait-il connaître le Soi (purusha), qui est d'un autre ordre,
transcendant, celui-là? [8]
3/ LES YOGA LES PLUS
CONNUS
- karma-y (yoga de
l'action),
- bhakti-y (yoga de la dévotion)
- jnâna-y. (yoga de la connaissance).
Arrêtons-nous seulement sur un ou deux aspects qui peuvent poser
question.
Jnânâ-yoga
On a vu que l'intellect le plus affiné que nous puissions
mettre en œuvre (buddhi) appartient encore au
domaine de la matière : il ne peut donc provoquer la réalisation elle-même –
qui est d'un autre ordre. Mais prakrti, la
matière (comprend également notre psychisme, considéré comme
"matériel", incarné…), oriente instinctivement notre esprit vers le
désir de l'affranchissement, de la délivrance… En quelque sorte, par buddhi, nous sommes menés au seuil de l'Eveil. Par la
connaissance, nous nous approchons de la Vérité. Mais ce n'est pas la
connaissance qui la réalise. Le relai est pris par le Soi lui-même, qui, va
s'auto-révéler en nous. Le paradoxe est donc le suivant : c'est par prakrti (la nature – ou "matière") que nous
sommes amenés à nous débarrasser de la matière ! Quand la révélation a eu lieu,
buddhi se retire comme "une danseuse qui
s'en va après avoir satisfait le désir du maître"[9]
Evidemment, plein d'autres questions se posent à notre
raison : par exemple, pourquoi sommes-nous condamnés à être dans l'ignorance, à
en souffrir et tout cela pour accéder à une liberté qui est déjà en nous en
puissance ? Là encore, la réponse est qu'avec notre pauvre logique, on ne peut
accéder à comprendre le Soi.[10]
Kundalinî-yoga (bien expliqué dans le Que sais-je ?)
- Objectif : réunion Shiva-Shakti. L'énergie (kundalinî) est
enroulée, lovée comme un serpent dans la base de la colonne vertébrale. Par des
méthodes appropriées, cette énergie primordiale va s'élever, traverser les
chakra et rejoindre Shiva, l'"époux" auquel elle va s'unir (=>
Illumination, Eveil, etc.).
- Ce yoga intègre le mantra-yoga
et le hatha-yoga,
ce dernier sous sa forme originelle, ayant pour but cette transformation de
type alchimique. Le tantrisme hindouiste est également concerné (Tantra-yoga). On l'appelle aussi laya-yoga ("yoga de la dissolution"
– c'est-à-dire de la fusion du petit moi dans le Soi ).
Voir le rôle des nâdî (idâ, pingala, sushumna) et des chakra
(mûlâdhâra, svâdisthâna, manipûra, anâhata, visuddha, âjnâ, sahasrâra.)
Il s'agit de mettre en place une "involution", c'est-à-dire un
cheminement qui est l'inverse de celui qui a présidé à la création, du point le
plus bas jusqu'à l'origine.
Ce yoga doit être pratiqué avec un maître expérimenté.
- Swami Sivananda…
Quelques mots sur ce maître qui vécut à Rishikesh et que les
"orthodoxes" appelaient "Propagandananda" parce qu'il
ouvrait son ashram à tous (et toutes), écrivit plus de 300 ouvrages de
vulgarisation, proposait "un peu de tout" (prânâyâma, âsana, etc.)
sans exigences "tapasiques"… Sa "Divine life society" a
fait très vite connaître le yoga dans le monde.
Les "orthodoxes" ont eu tort de dénoncer ce yoga
mis au goût du jour, certes, comme un yaourt plus ou moins light, mais parce
que détourné de ses objectifs premiers et récupéré pour ajouter un peu plus de
confort au confort ambiant… En attendant combien de "chercheurs" (et
chercheuses, évidemment !) ont-ils été mis sur la voie grâce à Sivananda ! N'est-ce
pas là l'essentiel ?
Hatha-yoga
(bien expliqué dans le Que sais-je ?)
L'appeler "yoga du corps", c'est ne pas le
concevoir pour ce qu'il devrait être : yoga des corps (grossier, subtil, causal).
Relié au yoga de la kundalini, il suppose une énergie
extrêmement grande et l'acceptation d'efforts non moins grands…
Beaucoup d'idées préconçues à son propos (donc fausses. Par
exemple "Cette forme de yoga se concentre sur des poses simples qui
s'enchaînent sur un rythme confortable…" définition trouvée sur je ne sais
plus quel site internet !)
4/ LE(S) YOGA ACTUELLEMENT : QU'EN PENSER ?
Sur le plan philosophique et, plus précisément, sur le plan éthique, un certain nombre de questions
concernant le yoga (ou les yoga) en général se posent. On n'y répondra pas de
façon univoque. On soulèvera quelques points de vue que chacun rejoindra ou
non, l'essentiel étant de savoir ce que, moi, pratiquant cette discipline, professeur ou non, honnêtement, accepte ou non…
1- Que penser d'un yoga déconnecté de ses racines
originelles, à savoir la quête (ou la reconquête) de notre origine, (la
libération donc), par la mise à mort de l'illusion et la volonté d'émergence de
la re-connaissance de notre nature "divine" ? Que penser, en
définitive, d'une pratique détachée de cette conception de nature métaphysique
?
Réponse 1 : Certes, chacun a le droit de penser, de faire ce qu'il veut tant qu'il ne nuit
pas à autrui. Ai-je cependant éthiquement le droit d'appeler "yoga"
un cours de stretching sur fond de musique New Age parce que le mot
"yoga" va séduire quelques client(e)s de plus ? N'y a-t-il pas là une
malhonnêteté patente ? Un abus de langage à but lucratif – même si le terme
n'est pas "marque déposée" et donc (ré)utilisable par tout vendeur du
temple un peu débrouillard ?
Réponse 2 : Il
faut accepter l'évolution de cette époque : la métaphysique n'avance à rien
(que des spéculations, des suppositions qui font perdre du temps et mènent à
l'intolérance). Seul compte le résultat psycho-physique: détente, meilleure
santé…
2 – Que penser de la tendance actuelle à présenter le yoga
comme une thérapie douce (ou quelque chose dans le genre – qu'importe
l'emballage des mots) dont les bienfaits pour la santé du corps incite les
caisses maladies à rembourser les cours suivis…
Réponse 1 : Où situer, dans cette démarche (celle de l'administration, celle des
professeurs et celles des… "clients") la part subtile, voire sacrée,
spirituelle, qui accompagne à l'origine toute la démarche ? S'occuper du
"corps qu'on a", pourquoi pas mais à le mettre au premier plan, que
devient le "corps qu'on est" ? A aucun moment de son histoire le yoga
n'a fait que considérer pour lui-même le corps physique, celui "qu'on
a". Le corps physique était une porte d'accès aux autres corps en vue de
pénétrer le noyau central de notre être essentiel. S'il se trouve que les
exercices entrainent une amélioration de la condition physique c'est tant mieux
: je disposerai de plus de temps dans cette vie pour progresser vers le but
final… Mais en aucun cas ce bien-être (qui n'est que confort) est un objectif
en-soi…
Réponse 2 : Que
le yoga soit considéré comme une thérapie douce n'empêche pas par ailleurs que
moi je le considère comme quelque chose de plus essentiel. Et si les caisses
maladies remboursent les cours, tant mieux ! Plus de gens en découvriront les
bienfaits.
Alors ?
Rien ni personne n'empêchera cette évolution actuelle qui
entraîne tout vers cette quête abusivement nommée du "mieux être". Mais
si je veux enseigner le yoga, je dois décider de ce que je vais transmettre :
une technique (une de plus !) de mieux être ? Donc de confort physique et (à tant faire !) mentale ? Rajouter, comme nous le disions plus avant, un peu de
confort au confort de cette vie, à défaut de bonheur ? Si c'est cela ma
justification d'enseignant, je me range dans la cohorte des marchands de
matelas, de voyages, de médicaments ou de produits plus ou moins bio, bref je
suis un employé de "conforama" – en moins matériel. Rien après tout ne
défend de nourrir ce point de vue.
Rien n'empêche non plus de réfléchir plus loin : pourquoi
n'accepterais-je pas de jouer le rôle de "passeur", si j'ai en moi
cette sensibilité, le rôle d'"éveilleur" si une part de moi est…
éveillée ?
3/ Que penser de l'argument suivant : "Je n'ai aucune aspiration à la transcendance mais j'enseigne le
hatha-yoga car j'ai les compétence physiques requises et j'offre aux gens la
possibilité d'être mieux dans leur corps. Je ne nuis à personne – au
contraire."
Réponse : Apparemment rien de répréhensible dans ce discours qui
semble honnête. Pourtant, à y bien réfléchir, il recouvre une duplicité et une
volonté évidente de se donner bonne conscience.
D'abord, s'il n'y a pas dimension transcendante, il n'y a
pas de yoga. Pourquoi ne pas dès lors appeler cela autrement ? Il y a tromperie.
"Offrir" (moyennant finance, cependant… on n'est
pas dans le don) aux gens "d'être mieux dans leur corps" n'est pas en
soi répréhensible, mais pas non plus une garantie de qualité. Quel "vendeur
de n'importe quoi" offre-t-il actuellement autre chose que du bien-être
(qui n'a rien à voir avec l'"être" qu'on est !) ? Certes, il n'y a
pas nuisance. Sans doute pas au niveau physique.
Quant aux autres niveaux, c'est à voir : si je prétends
enseigner le yoga alors que je fais abstraction de sa dimension subtile, transcendante
(pour ne pas dire "divine") j'agis de manière nuisible "par
omission", en faisant croire aux élèves que le yoga ce n'est que cela, une
thérapie douce… Je masque à leurs yeux l'existence d'une porte : celle qui
pourrait les mener vers plus d'authenticité, quelque chose qui ressemble
davantage au bonheur vrai qu'à ce confort
dont nous parlions et qui, lui, demeure très superficiel et ne permet
évidemment pas d'accéder au bonheur[11].
En présentant aux gens une technique annoncée comme menant à
la libération (donc amplement suffisante pour nourrir l'envie de vivre) alors
que je n'y vois rien d'autre que cette denrée sucrée et un peu anesthésiante
(relaxation, souplesse…), ne suis-je pas coupable d'entretenir la croyance en une
existence qui ne permettra jamais d'accéder à autre chose qu'à de la
relaxation, donc une existence incapable d'offrir mieux que des béquilles ?
Mais cessons là ! Nous sommes, à ce niveau, dans la
sphère intime : à chacun(e) d'examiner le
plus honnêtement possible la question et de faire ses choix !
Souvenons-nous cependant d'une chose : il est essentiel d'être
en accord (en union, en yoga !) avec
soi-même. Si je dis ou/et fais blanc en pensant noir, je suis divisé,
"double"[12].
Cela se traduit inévitablement par des verrouillages physiques et mentaux. Je
suis aux antipodes du yoga.
G D
[1] Le yoga, de P. Feuga et T. Michaël, éd.
puf, Que sais-je ?, pp. 11 à 32. Nous
ne reprenons pas ici ce que ce fascicule présente de façon amplement suffisante
et très bien documentée.
[2] Op. cit.
p.11
[3] On a
envie de dire la "vraie" réalité. "Ultime réalité" serait
plus juste, car la réalité d'avant l'éveil (donc celle que nous percevons à
travers le filtre déformant du petit moi) est aussi "vraie" ! Mais
subjectivement "vraie" - alors que "l'autre", celle perçue
après l'éveil, est "absolument" vraie !
[4] Yoga.Sûtra, I,2
[5] … mais
exprimée de façon souvent très contractée… donc parfois énigmatique. L'ouvrage
est en fait un traité de "notes" cursives, sorte d'aide-mémoire pour
les disciples (tradition orale !)
[6] "Yogah chitta-vrtti-nirodhah", Yoga-Sûtra, I, 2
[7] Les yama (ou refrènements) sont : ahimsâ (non violence), satya (non
mensonge), asteya (non vol), brahmacharya (non abus sexuel), aparigraha (non avarice). Les niyama (disciplines) : shausha
(purification), samtosha (sérénité), tapas (ardeur ascétique), svâdhyâya
(étude, répétition de OM), Ishvara-pranidhâna (remise de tous les actes au Seigneur).
Les traductions ne rendent pas du tout compte de ce que supposent ces notions
qui doivent être (et vous seront !)
explicitées en détail.
[8] Prakrti,(matière), purusha (esprit):
ce sont là des termes qui désignent dans le système du Sâmkhya
des réalités, des notions que vous étudierez de plus près. Ici leur
interprétation est très schématisée…
[9] Sâmkhya-Kârikâ, 59 et Mahâbhârata
utilisent cette image citée par Micea Eliade dans Techniques du Yoga (Folio – Essais, 1975, p. 57)
[10] Le Vedanta voit les choses autrement
: il nie la réalité de l'univers dont il fait une illusion – mâyâ (cf. cours 1). Ainsi il évite ce paradoxe du Soi
sans contact avec la Nature mais malgré tout auteur du drame humain…
[11] Chacun
est au courant : c'est dans les pays où le confort est le plus développé – y
compris le confort mental et ses cohortes d'ouvriers spécialisés :
psychologues, psychanalystes et psychiatres – qu'on se suicide le plus !
[12] grec
"diabolos" =
"qui divise" (dans ce contexte, double
et diable sont les mêmes mots !)
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