Rencontre sur le Mékong

jeudi 17 janvier 2013

NOS SOUFFRANCES : UNE SEULE ORIGINE



Souffrance – délivrance


Pourquoi ne suis-je jamais vraiment satisfait - alors que somme toute je n'ai pas de raison particulière d'être malheureux ? Enumérer des causes ne doit pas nous cacher qu'au bout du compte il n'y a qu'une véritable raison à ce malaise existentiel fondamental. Le point de vue hindouiste peut nous éclairer (sans qu'il soit le seul, évidemment).

1/ LES CAUSES DE LA SOUFFRANCE

LE REFUS DU CHANGEMENT
"Tout est douleur ; tout est passager" (Bouddha)
Tout, en ce monde est changement (même au regard de la science : "Rien ne se perd, rien ne se crée"). Cela, aussi bien physiquement (tout se "dégrade") que psychologiquement (ce que j'aimais hier, je le déteste aujourd'hui). Je passe sans cesse de la joie à la tristesse, de l'espérance à la crainte.
La seule certitude est que je suis destiné à mourir. Or je voudrais être éternel. Les moments les plus heureux sont empoisonnés par l'arrière-pensée qu'ils ne dureront pas. J'aspire sans cesse à établir une sécurité qui dure (famille, travail, santé, relations inter personnelles, etc.) et suis sans cesse confronté à une menace : rupture de l'harmonie, de la santé, de la jeunesse, de la stabilité. Tout en moi refuse le changement… sauf, bien sûr,  lorsque ce changement pourrait m'apporter un surplus de sécurité…
De ce télescopage incessant entre ma volonté de vivre dans le "bonheur" et l'instabilité de cet état, contraire à mon désir (que le malheur cesse, que le bonheur dure !) naît la souffrance. Je sais que tout change mais ne réussit pas à m'y résoudre.

LA PEUR DE L'AVENIR
Elle provient de la menace relevée précédemment. Je me projette dans l'avenir et imagine que ce que je vis en ce moment risque de s'achever : cette belle histoire d'amour, ma situation financière florissante, ma bonne santé, tout cela je le sais incertain, destiner à connaître des variations. Ce que j'imagine est souvent le pire ! La mémoire d'événements passés élabore des scénarios catastrophe pour mon futur et gâche mon présent !


L'INSATISFACTION PERMANENTE
Je ne suis jamais longtemps comblé, jamais définitivement satisfait. Je souhaite toujours plus ou mieux. Je veux augmenter la somme d'argent que je gagne, le confort qu'il me permet. Si j'aspire à la célébrité et la connais, je vis constamment dans l'angoisse non seulement de la perdre, mais de ne pas l'accroître (acteurs, artistes, écrivains…). Si j'aspire à accéder à une forme de pouvoir (financier, politique, professionnel…), je n'ai de cesse de l'étendre et tremble de le voir diminuer. Sur le plan affectif ou physique, il peut en aller de même : le séducteur n'est jamais satisfait, il lui faut ajouter conquête sur conquête. Bref, l'avidité se loge dans tous les domaines, y compris spirituel : je ne progresse jamais assez vite. Nous nous sentons fragiles et cherchons l'invulnérabilité.


LE DESPOTISME DE L'EGO
Tous ceux qui sont différents de moi, pensent autrement, éprouvent d'autres besoins, d'autres désirs, sont une menace. Je ne me sens vraiment en accord avec autrui que si autrui pense, agit comme MOI. Si mon épouse veut aller à la montagne et que cela me déplaît, c'est elle qui me contrarie. Si ce collègue estime que sa décision est meilleure que la mienne, c'est lui qui a tort. Bref, j'aimerais que tout et tous disent oui à MES désirs, MES exigences : que cette jolie brune tombe amoureuse de moi, que mon patron accepte de m'augmenter, que mon fils travaille à l'école comme je le désire… Mais la jolie brune ne me voit pas, mon patron refuse mon augmentation, mon fils sèche les cours… Qu'ont-ils donc tous à m'ennuyer ? Je suis un incompris, une victime des circonstances, un malchanceux et je souffre. En tout cas je n'y suis pour rien !


2/ CAUSES DIVERSES MAIS ORIGINE UNIQUE

Les quelques points (il y en aurait d'autres) relevés ne sont en fait que des causes secondaires, elles-mêmes nées d'une cause originelle : l' IGNORANCE (avidya). Ma souffrance – quelle qu'en soit l'origine – vient du fait que j'ignore ma véritable nature et ce que celle-ci suppose. Ignorance métaphysique portant sur qui je suis réellement. Si je peux répondre à la question "qui suis-je ?" je mets fin à la racine même de toute souffrance. 
La réponse à cette question est possible. Parmi les divers courants philosophiques ou religieux, l'Hindouisme a le mérite d'être très clair (voir les "Fiches de Claire" et autres articles parus ou à paraître) et surtout offre de véritables méthodes pour mettre fin à cette ignorance fondamentale qui nous fait prendre la réalité perçue pour la Réalité - comme ce serpent dans l'ombre du chemin qui, si j'ai le courage de m'approcher, s'avère n'être en fin de compte qu'une vieille corde jetée là...
                                                                                              GD
                                                                                                                                        




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