Réagir mène le plus souvent à un acte faux
Si "être en yoga" consiste entre autres à "agir juste", il y a tout intérêt à ne pas confondre action et réaction...
Le minéral attend, le végétal espère, l'animal réagit.
Seul l'homme agit.
Malheureusement, à y bien regarder, nos actes sont souvent des réactions.
Quoi d'étonnant que l'homme actuel se comporte en un animal - voire en loup ?
Evitons les généralités de type sportif, politique, économique, mondain... Nous serions ensevelis sous les exemples qui démontreraient à l'évidence que la plupart des actes accomplis par des personnalités en vue (cf. les médias) ne sont en fait que des réactions. Bestiales ? Pas forcément. Quoique...
Venons-en plutôt à ce qui nous concerne, pratiquants de yoga...
Entendons-nous d'abord sur le terme : une "réaction" est une "action en retour". Si je "réagis à..."(que ce soit "avec", "pour" ou "contre") mon action est forcément de seconde main. Elle suppose non pas une initiative, une décision née en moi mais déclenchée par un phénomène, une personne, un objet etc. qui lui est extérieur.
Cela posé, en quoi est-ce dérangeant ? "Réagir contre l'injustice", par exemple, en quoi est-ce dérangeant ? C'est dérangeant en ce que cela n'est pas la même chose que "Agir pour la justice". On peut percevoir qu'entre les deux attitudes existe une nuance assez conséquente que nous laisserons à chacun le soin de déterminer...
Le contexte qui nous intéresse est un peu différent.
Agir - réagir...
Au niveau de la parole, d'abord. Il s'agit simplement de nous rendre conscient que, très souvent, nous allons trop vite, nous ne tournons pas sept fois (deux suffiraient) notre langue dans notre bouche. Cela parce que nous nous écoutons d'abord, avant d'écouter l'interlocuteur. Pour peu qu'une parole nous déplaise, nous avons tendance à intervenir immédiatement. A chaque fois que nous mettons en place ce type de réaction, nous empêchons le véritable dialogue et anéantissons toute chance de véritable communication. Apprendre à écouter, à différer ce que nous avons à dire (même - et surtout - de peu agréable pour l'autre) est un travail de type yogique. Il suppose une prise de distance émotionnelle, et une prise de conscience rarement présente : les paroles de l'autre cachent une réalité qui est souvent tue. Dès lors, à moi de sentir les non-dits, de les dé - couvrir et d'en tenir compte. S'il y a des malentendus c'est qu'il existe des malentendants. Un adepte du yoga désireux d'appliquer les beaux préceptes rencontrés lors de ses lectures ne pourra que convenir de la nécessité d'être constamment dans l'attention (notion clé : être dans l'instant présent. Très souvent quand l'autre parle je suis dans le futur : je pense à ce que je vais répondre) et en particulier dans l'attention à autrui donc de me rendre "bonentendant"...
Au niveau des actes, ensuite. "Une action consciente, disait Nil Haoutoff, peut prendre la même forme que celle de la réaction. La différence cependant, est totale..."
Interrompons le maître sans vergogne et prenons un exemple simple. Un enfant joue bruyamment et dérange tout le monde. Il le sait parce que sa mère le lui a signifié. Il continue malgré tout... La tension monte. La mère a patienté mais le petit monstre continue... Une tape part mais sans irritation de la part de son auteur. L'enfant reçoit le message (la tape), ne l'apprécie pas, certes, mais réagit - en principe - paisiblement. En revanche, si la même tape est partie parce que la mère, excédée, n'en peut plus, l'enfant hurle et la corrida commence... On aura compris que, dans le premier cas, la tape était "action" (décision posée, sereine) et dans le second "réaction" incontrôlée.
Reprenons la phrase précédemment citée et achevons-la : ".Une action consciente peut prendre la même forme que celle de la réaction. La différence cependant, est totale et le karma qui en résulte également" Ceux qui épousent pleinement les conceptions yogiques ne seront nullement étonnés. Ce qui préside à nos actes, l'énergie qui les motive, décide du "bon" ou du "mauvais" karma qu'ils entraînent immanquablement.
Cela se constate dans cette vie, dans le quotidien le plus concret : une démarche, même risquée, mais spontanée, une "action" donc, aboutit souvent à des effets plus positifs que la même démarche mais dictée par un élément extérieur qui fait d'elle une "réaction". Chacun trouvera sans avoir à chercher longtemps l'exemple illustrant ce qui est finalement une loi presque scientifique...
Action - réaction. Cette confusion (il y en a d'autres, malheureusement) entrave considérablement notre progression dans la vie quotidienne et, en particulier, dans notre sâdhana (= pratique, cheminement spirituel). Elle mérite d'être évitée aussi systématiquement que possible.
GD
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