Rencontre sur le Mékong

jeudi 24 janvier 2013

BILLETS DOUX / DURS (5) Au secours, je suis à plat...

Aller lentement, ce n'est pas stagner



Baisse d'enthousiasme, de régime, fatigue : la ferveur qui habituellement nous anime, connaît des moments de déprime... C'est grave, Maître ?




Nous voici dans la saison lente, celle où le froid fige les eaux et où toute chose semble plongée dans un silence intérieur. Dès que nous le pouvons, nous nous calfeutrons dans nos maisons et, à l'image de certains végétaux et de certains animaux, nous économisons l'énergie accumulée durant la chaude saison.

L'hiver se prête plus à la méditation que l'été. Les retours sur soi sont plus aisés durant les "saisons centripètes", celles où, comme tous les éléments de la nature, nous éprouvons davantage le désir d"aller de l'avant".
Ainsi notre vie est-elle réglée par des rythmes auxquels nous ne sommes pas aussi soumis que des ours ou des marmottes, mais nous aussi nous connaissons des moments d'expansion et de rétractation.

Ces ruptures plus ou moins marquées de nos rythmes intérieurs sont parfois difficiles à vivre. Quel adepte pourrait prétendre ignorer les moments de doute durant lesquels la ferveur perd de son intensité ? Comme si cette énergie qui nous tire vers le haut (cf. posture de l'arbre) faisait défaut ; comme si un arrêt se produisait. L'enthousiasme a son revers : plus il est intense, plus son fléchissement risque d'être vécu comme une phase de dépression.

Chögyam Trungpa, dans Méditation et action (Collection Point - Sagesse), recommande "d'avancer au pas de l'éléphant", c'est-à-dire posément, lentement, d'une démarche impassible, mais qui se poursuit néanmoins, pas après pas, "comme un éléphant avance dans la jungle". Il se peut alors, ajoute-t-il, que la lutte continuelle soit d'une grande lenteur. Mais il ajoute également, citant Milarépa : "Celui qui va lentement arrivera rapidement". Voilà des paroles bien réconfortantes pour toutes celles et tous ceux qui traversent un hiver intérieur !

Nous pourrions aussi évoquer ces rivières dont la surface gelée offre au regard sa seule immobilité. Mais au-delà, dans la profondeur, l'eau poursuit sa course.

Lorsque nous traversons une période de moins grande énergie, l'essentiel est de préserver, au plus profond, ce mouvement peut-être ralenti, mais ininterrompu de shrada, la "foi" (comprenons : confiance, certitude, conviction) qui nous fait avancer envers et contre tout, même si c'est au rythme de la tortue. Le printemps ne manque jamais de revenir et avec lui la lumière qui nous "réanime" - nous "redonne une âme"... que nous n'avions pas perdue mais qui avait besoin, peut-être, d'hiberner.

                                                                                                  GD

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