Respirer : quoi de plus
banalement physique ? Pourtant, l'air que nous inspirons et expirons - souvent
sans en avoir conscience - peut nous aider à cheminer vers ce que nous sommes
profondément et nous permettre d'accéder à un type de révélation riche
d'enseignements.
Il suffit de se rendre
observateur attentif mais détendu et de se laisser guider par ce flux incessant
qui permet d'explorer notre labyrinthe intérieur. Il en éclaire les quartiers
obscurs et rend perceptible ce que ne peuvent voir nos yeux.
Assis sur les talons, en
flexion avant, dos arrondi, je sens
l'air qui dilate la partie postérieure du tronc, étire les intercostaux, ouvre
la grille du dos et déploie une voûte légère comme une corolle de
parachute. La cuirasse se fait voile
gonflée de vent. Le dos se met à exister autrement que par la douleur qui est
souvent le seul signe de sa présence.
C'est ainsi que dans
l'inspiration je peux suivre le fil qui me mène là où une contracture est
apparue. L'air inspiré dilue la crispation. La pratique aidant, celle-ci se dissout et s'évacue avec l'air expiré,
comme si le fil que je parcours maintenant en sens inverse, l'expulsait en me
soulageant… ("répit" et
"respiration" sont
étymologiquement voisins.)
L'inspiration m'aide aussi à
détecter l'existence charnelle de mes organes, à me glisser en douceur dans la
conscience de leur présence silencieusement active. Le fil me guide jusqu'à l'estomac, au foie, au cœur…
Peu à peu ces derniers, retirés dans les ténèbres du corps, se laissent
approcher et acceptent de révéler un peu de leur vie secrète tandis que
l'expiration fait rayonner sur eux l'énergie. Car le fil de la respiration est
aussi lumière : il éclaire le chemin que je parcours en même temps qu'il me
guide. La respiration est resplendissement.
Quand nous respirons nous
pouvons ne suivre qu'un seul fil. Mais ce sont des milliers de fils qui relient
entre elles toutes les parties qui nous constituent. Des milliers de liens
ténus dont le réseau distribue les énergies et les répartit dans les lieux les
plus enfouis du corps[1]. La chaîne et la trame de
ce tissage aérien sont d'une texture immatérielle et cependant bien réelle.
Lorsque le diaphragme
descend, l'air emplit les poumons, dilate la cage thoracique. Mais, en même
temps que l'oxygène véhiculé par les
vaisseaux sanguins, le souffle, haleine cosmique et principe de vie, (le spiritus latin, le pneuma grec ou encore le ruah
hébreux) suit les conduits subtils et se diffuse dans l'espace du corps,
franchit les passages les plus denses comme les os. Il envahit le noyau des
cellules les plus infimes et pénètre le cœur de leur cœur pour nourrir leur
"âme". A chaque inspiration se ré-animent ainsi les milliards de
petites flammes qui font de chacune de nos cellules un sanctuaire de vie et de
notre corps un temple.
On sait que le moindre geste
met en jeu toutes nos fibres musculaires. De même, les émotions (qui sont les
gestes du mental) les plus ténues mettent en mouvement non seulement des
réactions physiques mais aussi
physiologiques[2].
A un niveau plus profond il en va de même pour ce qu'on appelle les "états
d'âme" : la tristesse, l'amour, nous font "soupirer" ; nous
"aspirons" à plus de quiétude… Les organes sont reliés aux deux
systèmes nerveux, à notre psychisme et à ce qui constitue notre être le plus
intime, cette part de nous-même qui échappe encore à toute investigation
scientifique. Des échanges incessants s'opèrent entre les différentes couches
ou "enveloppes" (les kosha de la tradition hindouiste) qui
nous constituent. Si le regard d'un "maître" nous bouleverse c'est
qu'il laisse transparaître non seulement la fluidité de son mental mais aussi
la légèreté de son âme libérée. Tout ce qu'il est, sur tous les plans, des plus
denses aux plus subtils, a été "nettoyé". Ces "enveloppes"
individuelles sont également en contact avec les "enveloppes" des
règnes (animal, végétal, minéral) peuplant l'univers, et avec l'univers tout
entier. Tout est interface. Tout est interconnecté et l'énergie qui circule en
nous n'est rien d'autre que le "souffle universel" qu'il ait pour nom
prâna[3], ki ou chi.
Si cette conscience
m'emplit, si je me fais explorateur de mes contrées intérieures, témoin,
observateur attentif donc - et observateur de l'observateur -, je peux découvrir ce qui m'était jusque là
inconnu et suis alors en mesure d'agir. Regarder, scruter sans tension,
"prendre conscience" et plus précisément prendre conscience de la conscience
qui habite chaque partie de mon corps, c'est cela, agir. Cette action
transforme peu à peu ma manière de sentir, aiguise mes perceptions et me permet
de prendre la mesure non seulement de mon unité intrinsèque mais aussi de ce
qui relie cette unité microscosmique à l'unité du macrocosme.
Dit autrement, dès lors que
j'entre dans la réalité que suppose le souffle porteur d'esprit, part subtile,
immatérielle de la respiration, je passe
du "je suis" au "C'est". Car ce que j'inspire et ce que
j'expire tisse un réseau entre le monde et moi. Je n'existe pas comme circuit
fermé. L'air que je prends, celui que je rends, celui dont je m'emplis, celui
dont je me vide n'ont qu'une seule et même nature. Les fils qui me tiennent
debout sont aussi ceux qui me relient au monde dans lequel je me tiens debout.
Constamment, je suis en interrelation. Constamment je suis dedans et dehors -
donc ni dedans ni dehors ; je suis avec.
Je suis immergé dans un immense mouvement pneumatique qui va de l'un au
multiple et du multiple à l'un.
Nous sommes dans le cosmos
mais le cosmos est en nous.
Une même nature nous constitue chimiquement.
Une même énergie nous fait vibrer. Un même souffle - un même esprit donc - nous
anime. C'est ce que nous disent les Upanishad
les plus anciennes (dont la Mundaka)
mais aussi la tradition chrétienne[4] rejoignant dans cette
conception les recherches les plus en pointe de la physique dite
"nouvelle".
Respirer dans le silence me
permet d'entendre la musique du monde. Être attentif à la respiration impose
silence aux bruits extérieurs et permet la manifestation du Chant intérieur, le
Chant de l'Être - qui est Joie. Respirer consciemment c'est lâcher prise,
desserrer les doigts pour libérer les bras et les changer en ailes. C'est
oublier les tiraillements douloureux de l'ego pour accueillir ce qui vient de
plus haut, qui m'est donné à l'instant du souffle : la paix intérieure, reflet
de la béatitude chrétienne, de l'ânanda
hindouiste qui est Paix absolue.
Par la respiration
consciente je mets à l'unisson mon Être et l'univers. Ce qui me divise (diabolos) se réunifie. Les obstacles (shâtan) s'évanouissent. Je communie avec le moment présent, ne suis
limité ni par le regret du passé ni par la peur de l'avenir et l'espace devient
lui aussi illimité parce que habité par le souffle unificateur et omniprésent.
Comme la navette du métier à
tisser qui va et vient sans cesse, le rythme qui préside à la vie du cosmos est
de type binaire : contraction et expansion des espaces intersidéraux ; flux et
reflux de la vague ; pulsation des marées ; balancement du pendule ; va et
vient du phallus dans la matrice féconde. Ainsi bat notre cœur : diastole -
systole ; contraction pour préparer l'expulsion ; dilatation, ouverture et
jaillissement du sang. Ainsi notre souffle : inspiration - expiration. Échange
non verbal et pourtant dialogue incessant entre l'univers qui nous porte et
celui que nous abritons - les mêmes. Sauf que notre nature d'être humain nous
permet de vivre en conscience ce dialogue. De le sonder. De lui donner du sens
- ou de capter le sens que nous y percevons.
Histoire d'amour. L'ego me
chahute, vent de tempête qui me secoue entre certitudes et doutes, espoir et
accablement, me hisse aux plus éclatantes nuées pour me précipiter au fond des
plus vertigineuses crevasses. Je passe des envols du plaisir comblé aux
plongées mortifères des attentes déçues. Pauvre esquif ballotté à la crête des
vagues, bateau ivre de Rimbaud, je perds pied, chavire, coule, je remonte et replonge… Qui peut me
remettre sur mon axe ? me rétablir dans ma verticale ? me faire aiguille
orientée, moi, le déboussolé ? Qui va mettre du rythme dans ce tohu-bohu, de
l'ordre dans ce chaos ?
Personne. Les gouffres
intimes sont toujours inhabités.
Ermite de ma propre déréliction
il ne me reste que ma respiration pour compagne. Haletante, peut-être. Courte,
peut-être. Mais fidèle, loyale dans sa constance imperturbable : inspir… expir…
inspir… expir… Il suffit que je lui prête attention quelques secondes ; c'est
le début d'un rythme, l'amorce d'un battement de vie vraie, les premières
mesures d'une musique, un peu d'harmonie retrouvée. Inspir… expir… ma conscience se recentre peu à peu,
l'univers cesse son tournoiement fou. Peu à peu j'approche l'œil
immobile du cyclone, j'aperçois dans ma nuit quelques lueurs d'aube
nouvelle. Ce souffle, ce "rien" m'a réorganisé, moi qui me croyais
tout - et tellement structuré. Son tissage patient a reconstruit mon étoffe déchirée.
Respiration. Présence
attentive, sentinelle infatigable qui se manifeste au moindre appel. Fidèle
alors que nous sommes volages, elle est toujours prête à venir à notre secours,
à nous tenir debout, parfois à nous relever : nous lui devons bien quelques
égards, quelques efforts… Que sont d'ailleurs ceux-ci au regard de sa patience
? ils ne nous demandent que de l'écouter un peu, d'entendre sa leçon douce.
Apprendre à respirer. Plus
justement réapprendre ce qu'une éducation pas toujours bien comprise, nous a
fait perdre. Retrouver la détente, la fluidité, la limpidité. Par l'attention,
redécouvrir la spontanéité.
Travailler avec[5] le souffle nous rend plus
solides, plus denses en même temps que plus légers. Il nous enseigne notre
grandeur en même temps que notre humilité : apprendre à respirer c'est ciseler
un autre visage de soi-même mais que nous ne conserverons pas. Le
souffle dernier, nous le rendrons. Cette réalité, nous ne pouvons l'ignorer : à
l'inspiration qui nous fit bruyants le jour de notre naissance, répondra
l'expiration qui nous fera silencieux.
Comme le sommeil, la mort
nous emportera à la fin d'une expiration. Et nous resterons suspendus dans
cette longue pause respiratoire en attendant que l'inspiration suivante nous
réveille et qu'une fois de plus se mette en action le cycle de la vie recommencée.
Se centrer sur le souffle
c'est aller vers le plus intime de soi et pourtant le moins personnel.
"Mon" souffle ne
m'appartient pas plus que "ma" respiration, C'est ce qui venant
mystérieusement d'ailleurs m'est prêté ici pour m' "animer"[6]. Et cette âme fait chanter ce qui sans elle
serait muet, comme l'âme du violon fait chanter ce qui n'est que du bois. Elle
nous fait rayonner comme l'orient de la perle fait rayonner ce qui n'est
que calcaire.
De même que l'air du
soufflet se marie au feu pour l'attiser, la respiration entretient l'énergie
qui anime le corps et l'esprit. L'inspiration du poète n'est autre que ce qui
porte son imagination à l'incandescence. Feu alchimique créateur et
transformateur de l'obscurité en lumière, de l'opacité en transparence, de la
densité en légèreté, de la matière en esprit. Pour expirer le poème, le poète
doit être inspiré. "Être inspiré" et non inspirer. Cela dit bien
qu'il n'est pas maître de cette
inspiration mais réceptacle ; que la
source de ce souffle créateur n'est pas en lui mais qu'il en recueille la
manne. Par l'exercice répété, par l'incessante méditation sur la vie et sur
lui-même, il s'est préparé à accueillir le Verbe - souffle signifiant -, il a mis en place dans le creuset de son
esprit les éléments qui permettront d'opérer la transmutation et de faire
s'épanouir les mots porteurs de sens. A son niveau humain, le poète réitère
l'acte divin par excellence[7].
Réduire le mouvement
respiratoire à deux phases est une erreur. Ne considérer que l'inspiration et l'expiration c'est appauvrir le champ
exploratoire de cette fonction première qu'est la respiration.
La fin de l'inspiration est suivie d'un temps
d'arrêt plus court que celui qui succède
à l'expiration. Physiologiquement cela va de soi : à l'inspiration le
diaphragme est en tension donc appelle le relâchement. Après l'expiration il
est au repos et aspire à y rester.
De quoi ces courtes apnées
sont-elles constituées ? D'une certaine immobilité, sans doute, d'un certain
silence voire d'un calme extraordinairement profond. Il est possible d'y aller
voir. Scientifiquement, d'abord. Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, au
niveau du cortex ces apnées ne correspondent pas à un arrêt de l'activité
cérébrale mais possèdent leur propre "vibration", différente de celle
des phases dites actives. Cet arrêt du souffle est donc paradoxalement
dynamique.
Changeant de plan nous
dirions autrement que ce silence n'est pas absence. Que ces points de
suspension sont habités, non pas vides donc, mais saturés de présence. Quant à
savoir quelle est la nature de cette "présence"… A chacun de
descendre dans l'abîme qui peut paraître effrayant (ne plus respirer c'est
mourir) mais qui recèle des trésors.
C'est sans doute la pause
succédant à l'expiration qui s'avère la plus fertile à l'exploration. Elle
commence de façon beaucoup moins marquée que l'autre. L'expiration meurt en
douceur : le filet d'air expulsé devient de plus en plus ténu, puis cesse.
Aucun effort à fournir (si c'est le cas
il ne s'agit plus de pause respiratoire mais de rétention - ce qui est autre
chose).
Sur le plan physiologique
cette pause est le point culminant de la détente amorcée par l'expiration.
Détente du diaphragme mais aussi des autres muscles, de tous les organes et du
cerveau. Celui qui sait entrer dans ce relâchement complet goûte, pour
commencer, un bien-être intense.
Pour commencer - ce qui est
déjà beaucoup. Mais par la suite, l'exploration permet des découvertes sans
commune mesure avec la brièveté du moment et son apparente banalité. Ce peut
être d'abord l'impression d'être en un "lieu" extrêmement profond
devant une porte close dissimulant un autre espace qui attend notre visite… Ou
bien la plongée au cœur même d'un "silence"[8] d'une qualité toute
particulière. Non pas "absence de bruit" mais présence pleine,
réalité porteuse de l'essence même du silence. Un silence habité par la vie,
tel un germe. Dans un cas comme dans l'autre nous avons le sentiment de toucher
à "quelque chose"[9] d'unique,
d'infiniment précieux.
La courte pause qui suit
l'inspiration, quant à elle, nous hisse juste sous la voûte du crâne et parfois
au-delà. Mouvement ascensionnel qui rend plus proches les étoiles et nous
suspend pour un instant dans leur clarté blanche. Sans doute des mondes merveilleux
y baignent-ils…
Il y aurait certes quelque
opportunité à aborder ici le domaine très technique du prânâyama, pratique essentielle du yoga. Cependant nous avons
choisi de nous limiter à une évocation limitée - prendre conscience d'un
phénomène on ne peut plus naturel : respirer.
Cette simple prise de
conscience peut changer notre manière d'appréhender la vie. Mettre de la
conscience et en mettre toujours plus là où il y en peu - ou pas du tout - est
déjà une révolution en soi, tant il est vrai que nous vivons machinalement...
C'est en tout cas une attitude préalable nécessaire si nous voulons acquérir
plus d'humanité. Le néophyte qui se mettrait à pratiquer les techniques de prânâyama sans passer par ce sas
préparatoire, sans affûter ses capacités d'attention et d'intériorisation,
resterait exclusivement sur le plan grossier. Cela peut suffire à qui ne vise
pas autre chose que rester en bonne condition physique mais n'aide à progresser
ni humainement ni spirituellement.
Nous n'avons pas non plus
évoqué le rôle de la respiration comme support spécifique d'une pratique
spirituelle définie - qu'elle soit hindouiste, bouddhiste, soufi ou autre. Il
suffit de savoir qu'à un moment ou l'autre de leur évolution, toutes les traditions
l'ont considérée au moins comme une aide
précieuse entre toutes. Y compris le Christianisme et plus particulièrement la
tradition hésychaste pour qui la respiration rythme la prière et lui permet de
"descendre dans le cœur" ou, comme le dit Hiérothée Vachlos, de "ramener l'intellect dans le cœur,
c'est-à-dire l'énergie dans la substance"[10]. Ainsi que le lui
explique le moine ermite du Mont Athos évoquant les hésychastes des origines
et ceux qui vivent actuellement : ils
"cherchent à unir l'intellect et le
cœur, et l'entreprennent par l'inspiration et par l'expiration. Ils inspirent
sur les mots "Seigneur Jésus-Christ…", et expirent sur les mots
"… aie pitié de moi". Ils suivent également l'air quand il entre par
la bouche dans le cœur, et là ils attendent un peu. Et cela, bien sûr, pour
fixer l'esprit. Les Pères nous ont également transmis une autre méthode. Nous
inspirons en disant toute la prière, et expirons en disant à nouveau toute la
prière. Cette méthode demande cependant une progression." Comment ne pas prendre acte ici de la
convergence avec l'hindouisme pour qui le souffle, contrairement au mental
instable, est vecteur unifiant : "Comme
un oiseau attaché par un fil vole de droite et de gauche et, ne trouvant aucun
autre lieu où se poser, finalement se réfugie au lieu même où il est lié, de
même, mon ami, l'esprit de l'homme, après avoir volé de place en place, ne
trouvant nulle part ailleurs où se fixer, se réfugie dans le souffle ; car
l'esprit, mon ami, est lié au souffle"[11].
Comme le corps, l'esprit est
labyrinthique. Sa structure complexe peut être source d'égarement. A celui qui
veut s'y retrouver il n'est pas d'alternative : se mettre en quête du centre. Certains le nomment
"axe", d'autres "noyau", "germe" ou
"sanctuaire". Ce qui est sûr c'est qu'il abrite la part la plus
mystérieuse de la personne humaine. La respiration peut mener vers cette crypte ; le souffle peut nous y
introduire. Nous relier à ce guide c'est commencer le voyage vers l'unité
perdue. Par cette descente dans la matière,
par delà l'opacité de nos dispersions, le moi peut trouver la transparence de
la lumière et remonter chaque fois plus léger. Au bout du compte cette
transformation peut marquer "la
victoire du spirituel sur le matériel et, en même temps, de l'éternité sur le
périssable, de l'intelligence sur l'instinct, du savoir sur la violence
aveugle" [12].
Observer attentivement la respiration physiologique peut
nous inciter à rejoindre la respiration archétypielle et à commencer un
processus de transformation. Et si, comme le prétendent certaines théories
actuelles, le traumatisme respiratoire de la naissance fait perdre au
nouveau-né sa mémoire cosmique, c'est sans nul doute par la voie de cette
respiration incarnée que nous pouvons renouer avec cette mémoire, refaire
alliance en quelque sorte avec notre nature primordiale. Il convient alors de
travailler avec cette respiration pour en affiner le processus. Grâce à elle, cette descente au plus profond de notre
intimité permet de remonter à la source même de notre existence en ce point
mystérieux où veille la Connaissance.
Gérard Duc
[1]
Des sources anciennes avancent le chiffre de 72000 nâdî !
[2]
Souvenons-nous : "Je rougis, je pâlis à sa vue"… (Phèdre, Racine)
[3]
"L'esprit et le prâna sont deux facettes d'une même entité - ils ne
devraient jamais être traités comme deux choses séparées. L'esprit est cela qui
est conscient ; le prâna est l'énergie active qui fournit un support à cette
conscience" (C.C. Chang, The
Teachings of Tibetan Yoga. University, Books, 1963)
[4]
Le Ruah Elohim - souffle de Dieu -
pénètre toute sa Création, disent les textes bibliques.
[5]
"avec" plutôt que "sur" qui suppose souvent une volonté de
domination. Il s'agit d'apprivoiser et non de dominer ; de se faire une amie,
non une servante.
[6] L'anima latin n'est autre que le souffle,
apparenté à l'anemos grec et issu du
sanskrit aniti - "il
souffle".
[7] "Par son Souffle-Verbe Dieu
crée et renouvelle la face de la terre" - Psaumes, CIV, 30
[8] Le mot "pause" le dit bien : en
musique il s'agit d'une interruption du son.
[9] Ce
"quelque chose" pourrait s'apparenter au Vide taoïste d'où procède le
Souffle primordial et tous les autres souffles vitaux, Vide conçu lui-même
comme substance présente en toute chose et, sur le plan ontologique, état
originel auquel doit tendre tout être. Où mieux prendre conscience de ce Vide
habité que dans ce lieu retiré et paisible vers lequel nous entraîne la fin de
l'expiration ?
[10] Entretiens avec un ermite de la sainte
Montagne sur la prière du cœur, (Point Sagesse, Ed. du Seuil).
[11] Chandogya Upanishad, VI, 8, 2.
[12]
Marcel Brion, Léonard de Vinci, cité
dans le Dictionnaire des symboles, (Bouquins,
Ed. Laffont).
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